Alain Lipietz

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Lipietz.
Alain Lipietz
Alain Lipietz
Alain Lipietz à un meeting de soutien à Dominique Voynet pendant la campagne présidentielle 2007
Alain Lipietz à un meeting de soutien à Dominique Voynet pendant la campagne présidentielle 2007

Alain Lipietz est un homme politique et économiste[1] français, né le 19 septembre 1947 à Charenton-le-Pont. Il est membre du parti écologiste Les Verts.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Chercheur

Alain Lipietz, à l'état civil Alain Guy Lipiec dit Lipietz, est le fils de Georges Lipietz et de Colette Geuinlé. Il est diplômé de l’École Polytechnique (promotion X1966) et diplômé d'études supérieures d'économie (Paris I, 1972). Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, il opte pour la recherche en devenant ingénieur économiste à l'Institut de recherche des transports (1971-1973), puis chercheur au Centre d'étude prospective d'économie mathématique appliquée à la planification[2], et directeur de recherche au CNRS (1988-2002). Il enseigne l'économie à l'École nationale supérieure des beaux-arts (1975-1976) et au Centre d'études des programmes économiques (1979-1982), puis aux universités de Paris VII, VIII et XIII (1985-1992)

Tout au long de sa carrière de chercheur, Alain Lipietz s’est principalement consacré à analyser les rapports sociaux-économiques au sein des communautés humaines, et entre celles-ci et leur espace, aux niveaux urbain, régional, national, et international, à travers plusieurs centaines de livres, articles et conférences. Mais il a contribué aussi à la macroéconomie et à la théorie de la monnaie et de l’inflation dans le cadre de la « théorie de la régulation »[3], avec quelques contributions en économie mathématique [4].

Il a rédigé la synthèse d’une étude mondiale sur les rapports capital-travail pour le compte de l’Université des Nations unies, et coordonné une étude sur les positions des différents pays du monde dans la Conférence des Nations unies pour l’environnement et le développement de Rio en 1992, pour le compte de l’UNESCO.

Cette orientation se reflète dans son engagement civique pour l’écologie politique et une série de livres critiques et propositionnels de politique économique, sociale et écologique.

A la demande la ministre de la Solidarité, Martine Aubry, il organise en 1999 une consultation nationale de 4000 responsables du secteur associatif et coopératif, et en tire un rapport Pour le Tiers secteur. L’économie social et solidaire : pourquoi, comment.

Il fait quelques incursions dans la théorie littéraire avec un livre sur le mythe de Phèdre, un essai "interactif" sur un sonnet de Mallarmé[5], une traduction de T.S.Eliot [6]. Il contribue à Wikipedia par quelques notices sur des poètes contemporains.

En France, il a été nommé membre de la Commission française du développement durable (2000-2003), du Comité consultatif de l'économie sociale, du conseil d’établissement du Collège de France, du Conseil d’analyse économique créé par le Premier ministre Lionel Jospin (juillet 1997-2003), et du Haut conseil à la coopération internationale (novembre 2000 à décembre 2001).

[modifier] Du rouge au vert

Militant des Comités d'Action de l'École Polytechnique et du Théâtre de l'Epée de Bois en Mai 68, puis membre du PSU de 1968 à 1971, où il est rapporteur de la Commission Cadre de vie, il anime une tendance gramsciste-maoïste, la Gauche Ouvrière et Paysanne (GOP) qui sera exclue du PSU et connaîtra de brèves années d'existence avant de fusionner avec Révolution! dans l'Organisation Communiste des Travailleurs (OCT). Dans sa brève existence, la GOP apportera une aide active à la lutte des paysans du Larzac et des ouvriers de Lip.

Alain Lipietz est l’un des principaux organisateurs des Marches sur le Larzac. De 1978 à 1983, il anime la revue Partis Pris, tout en collaborant au Monde diplomatique, aux Temps Modernes, etc.

Invité à conduire la liste des Verts aux élections législatives de 1986 en Seine-Saint-Denis, il rejoint ce parti en 1988. Il en est élu porte parole de 1997 à 1999 .

Après avoir été élu conseiller régional d'Île-de-France en 1992 et conseiller municipal de Villejuif en 1995, il est élu député européen aux Élections européennes de 1999.

Lors de primaires internes aux Verts en 2001, il est élu par ce parti pour le représenter lors de l'élection présidentielle de 2002, mais il est finalement remplacé pour ce scrutin par Noël Mamère à la suite d'une prise de position controversée sur l'amnistie des nationalistes corses[7].

Tête de liste des Verts en Île de France pour les élections européennes de 2004 , il est réélu député européen. Sa liste obtient 7,6% face à celles de Corinne Lepage (3,6 %) et d’Olivier Besancenot (2,8 %).

S’estimant incapable d’apporter des réponses convaincantes aux problèmes de la société française, il renonce à faire acte de candidature pour la présidentielle de 2007[8] et apporte un soutien actif à la candidate choisie par son parti, Dominique Voynet[9].

Au cours des années 2002-2003, il figure parmi une douzaine de personnalités menacées de mort par un certain Raphaël-Guy Schoemann en raison de leur engagement pour les droits des palestiniens.[10]

En 2005, il signe l'Appel des indigènes de la république qui développait une thèse attribuant aux sequelles du colonialisme le racisme anti-immigrés en France.

En 2006, avec sa sœur Hélène Lipietz-Rouquette, conseillère régionale verte d’Ile de France, il se lance dans la défense et illustration du jugement du tribunal administratif de Toulouse en faveur de son père et de son oncle contre l’Etat et la Sncf [11], pour leur arrestation comme présumés juifs et leur transfert à Drancy [12]

Il est chroniqueur de l’hebdomadaire Politis.

[modifier] Député européen

Élu (Vert) au Parlement européen en juin 1999, il est membre de la Commission économique et monétaire et suppléant à la Commission Emploi et Affaires Sociales de ce Parlement. Il participe aux intergroupes Tiers secteur, OMC et Initiatives pour la paix, et est membre de la délégation parlementaire auprès de l’Amérique du Sud et du Mercosur. Réélu en 2004, il préside la délégation pour les relations avec les pays de la Communauté andine. Il est également membre de la Commission du commerce international et de la Commission des affaires juridiques, membre suppléant de la Commission des affaires économiques et monétaires, et de la délégation pour les relations avec le Mercosur.Il est président de l’intergroupe « Commerce international et développement soutenable » et vice-président de l’assemblée parlementaire Europe-Amérique Latine (EUROLAT).

Dans ses fonctions de diplomatie parlementaire vis-à-vis de l’Amérique latine, il tente d'œuvrer à la libération d'Ingrid Bétancourt et de tous les otages retenus en Colombie, ainsi qu’à améliorer l’accord d’association entre l’Union européenne et la Communauté Andine. En association avec la revue Mouvements, il prend l’initiative de deux colloques internationaux, sur l’Amérique latine [13] et sur la justice transitionnelle.[14]

De par sa formation initiale, il se spécialise, dans son activité de législateur, sur des questions relativement techniques mais aux conséquences collectives importantes : réorientation de la politique de la Banque européenne d’investissement, supervision et règles prudentielles des conglomérats financiers, responsabilité civile des entreprises en matière environnementale, inclusion de l’aviation civile dans le quota européen des gaz à effet de serre, soutenabilité écologique du commerce international, création de l’Agence européenne de l’Energie, etc.

En 2004-2005, il prend, à l'instar de Michel Rocard et de Daniel Cohn-Bendit, une part active dans la fronde contre la brevetabilité illimitée des logiciels soutenue depuis plusieurs années par l'Office européen des brevets. Alors que le Conseil de l'Union européenne et la commission européenne désirent légaliser cette pratique par la directive européenne sur les inventions mises en œuvre par ordinateur, Alain Lipietz joue un rôle de liant entre les revendications des petites entreprises réunies au sein de l'Association pour une infrastructure de l'information libre et les partisans des logiciels libres d'une part, et les eurodéputés d'autre part. Le 6 juillet 2005, le Parlement européen rejette très nettement le projet de directive en seconde lecture, après avoir constaté que le Conseil de l'Union européenne n'avait tenu aucun compte de ses amendements votés lors de la première lecture en septembre 2003[15] et visant à encadrer la brevetabilité du logiciel.

Il participe aux manifestations des « faucheurs volontaires » dans le combat contre les OGM, et organise plusieurs colloques contre les excès des agrocarburants.[16]

Il s'engage fortement en faveur du Traité établissant une Constitution pour l'Europe.[17]. Il inscrit ce choix dans le prolongement de son long combat politique contre les quatre traités précédents [18] (combat conduit au nom de l'Europe politique et fédérale : voir ses critiques sur l'Acte unique[19], le Traité de Maastricht[20], le Traité d'Amsterdam[21] et le Traité de Nice[22]).

Prenant acte du rejet du TCE par la France et les Pays Bas [23], il propose aux partisans du Non de s’atteler, en particulier au Parlement européen, à sauver les avancées qu’il apportait à ses yeux, notamment la loi européenne sur les Service public dans l'Union européenne prévue par l'artice 122 du TCE[24].

Il soutient le traité de Lisbonne en tant qu’avancée vers l’Europe politique par rapport aux traités existants, tout en soulignant les reculs qu’il représente selon lui par rapport au TCE[25].

[modifier] Publications

Alain Lipietz est l'auteur de :

  • Le tribut foncier urbain, F. Maspéro, Paris, 1974.
  • Le Capital et son espace, F. Maspéro, Paris (1977) ISBN 2707109622.
  • Crise et inflation : pourquoi ?, F. Maspéro, Paris, 1979 ISBN 2707110639
  • La Crise (avec D. Clerc et J. Satre-Buisson), Syros, Paris, 1983 ISBN 2867380006
  • Le monde enchanté : de la valeur à l'envol inflationniste, La Découverte, Paris, (1983) ISBN 2707113948
  • L'audace ou l'enlisement. Sur les politiques économiques de la gauche, La Découverte, Paris, 1984 ISBN 2707114596
  • Mirages et miracles. Problèmes de l'industrialisation dans le Tiers-Monde, La Découverte, Paris, 1985 ISBN 2707115452
  • Choisir l'audace : une alternative pour le vingt et unième siècle, La Découverte, Paris,1989 ISBN 2707118451
  • Berlin, Bagdad, Rio : le XXIe siècle est commencé, Quai Voltaire, Paris, 1992) ISBN 2876531402
  • Les régions qui gagnent (avec G. Benko), Presses Universitaires de France, Paris, 1992 ISBN 213044315X
  • Phèdre : identification d'un crime, A.-M . Métailier, Paris, 1992 ISBN 2864241250
  • Vert-espérance. Le futur de l'écologie politique, La Découverte, Paris, 1993 ISBN 2707122076
  • El padre y la madre de la riqueza. Trabajo y ecologia, ADEC_ATC, Lima, 1995, ISBN 8489313776
  • La société en sablier. Le partage du travail contre la déchirure sociale, La Découverte, Paris, 1996, rééd. augmentée 1998 ISBN 2707128473
  • Nach dem Ende des « Goldenen Zeitalters », Argument verlag, Berlin-Hambourg, 1988, ISBN 3886192555
  • Qu'est-ce que l'écologie politique ? La grande transformation du XXIe siècle, La Découverte, Paris, 1999, rééd. augmentée 2003 ISBN 2707140945
  • La richesse des régions (avec G. Benko), Presses Universitaires de France, Paris, 2000 ISBN 2130504612
  • Pour le tiers secteur. L'économie sociale et solidaire : pourquoi, comment, La Découverte-La Documentation française, Paris, 2001) ISBN 270713452X
  • La théorie sociale de la régulation (en japonais), Aoki Shoten, Tokyo, 2002, ISBN, 4250202372
  • Refonder l'espérance : Leçons de la majorité plurielle, La Découverte, Paris, 2003 ISBN 2707139807


[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Alain Lipietz.

  • Pour le procès de Georges Lipietz contre la la SNCF acteur de sa déportation[26], repris après sa mort par son épouse et ses trois enfants[27], voir Georges Lipietz.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Bibliographie académique d'Alain Lipietz
  2. Cepremap
  3. "La trame, la chaîne et la régulation : outils pour les sciences sociales", Économies et Sociétés R5, Décembre 1990
  4. Essentiellement dans le domaine de la formalisation algébrique de la théorie économique marxiste
  5. Le matérialisme orphique de Stéphane Mallarmé
  6. Traduire Prufrock selon Eco
  7. Le point de vue d'Alain Lipietz sur sa candidature aux élections de 2002, Marianne, 29 octobre 2001
  8. Réflexions sur l’élection présidentielle 2007, lettre aux Verts
  9. "Ces bourdes qui cachent le bourbier", Libération, 21 février 2007
  10. Déclaration au procès de Raphaël Schoemann, Palais de justice, Paris, 9 mai 2006
  11. Voir le dossier de l’affaire
  12. Voir les articles de A. et H. Lipietz au sujet de ce procès et de ses suites.
  13. « Amériques latines, le tournant à gauche ? » http://lipietz.net/spip.php?article1920, Mouvements n°47-48, Septembre 2007
  14. « Vérité, justice, réconciliation. Les dilemmes de la justice transitionnelle », Mouvements n°53, mars 2008
  15. Brevetabilité des inventions mises en œuvre par ordinateur - texte adopté par le parlement européen en première lecture en septembre 2003
  16. Voir « Les arbres du mal », Politis n°959, juin 2007, et le colloque « La querelle des agrocarburants »
  17. « Le traité constitutionnel marque une inflexion vers l’Europe politique», Alternatives économiques, mai 2005. Pour l’ensemble de ses articles sur la question, voir son site.
  18. Oui au TCE parce que NON à Maastricht, Silence, avril 2005
  19. "L’acte unique contre l’Europe", L’Expansion, 1988
  20. Contre Maastricht parce que pour l'Europe, Silence n°157, sept. 1992
  21. Message urgent pour Dominique Voynet : ne pas ratifier le traité d'Amsterdam - 16 juillet 1997
  22. Sur le traité de Nice - le vrai fiasco de la présidence française, Le Monde, 13 décembre 2000
  23. « L’Europe du Non a commencé », Le Monde, 23 juin 2005
  24. La concurrence et les services publics dans le TCE - 14 mai 2005
  25. « Les tribulations de l’Europe politique », Politique, Octobre 2007]
  26. Procès Georges LIPIETZ c/ l’Etat et la SNCF : le dossier
  27. Article du quotidien Le Monde daté du 15 juin 2006 Condamnation pour mémoire signé Hélène Lipietz