Acte (théâtre)

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Une pièce de Lope de Vega divisée en « journées ».
Une pièce de Lope de Vega divisée en « journées ».

Un acte est la subdivision principale d’une pièce de théâtre ou d’un opéra. C’est la partie d’un ouvrage dramatique séparée de la suivante par un entracte ou intervalle pendant lequel la scène est soit vide soit remplie par un intermède étranger à l’action représentée.

Un acte se caractérise par une unité de temps et, en général, par une unité de lieu. Un changement d’acte permet souvent à l’auteur de procéder à une ellipse temporelle ou à un changement de lieu et donc de faire progresser l’intrigue.

Dans le théâtre classique français, une pièce comportait cinq actes. Cependant pour respecter la règle des trois unités aucun changement ne se déroulait d’un acte à l’autre. La longueur de l’acte correspondait à la durée de vie des bougies disposées pour éclairer la salle, soit environ une vingtaine de minutes.

Deux actes sont séparés par un entracte, courte période pendant laquelle la représentation est interrompue. Chaque acte peut être lui-même subdivisé en scènes, ou en tableaux. Le passage d’une scène à l’autre correspond en général à l’entrée ou à la sortie d’un personnage.

Le théâtre grec ignorait la division des pièces en actes. Théoriquement, les pièces grecques consistaient en plusieurs parties bien distinctes, nommées protase, épitase, catastase, et catastrophe, mais en réalité aucun entracte ne séparait ces parties. Lorsque les acteurs principaux disparaissaient de la scène, ils étaient remplacés par le chœur, dont les chants restaient généralement liés à l’action. Aucun des anciens qui ont cité des passages de comédies ou de tragédies grecques ne les a désignés par l’acte d’où ils sont tirés, et Aristote ne fait nulle mention dans sa Poétique d’une pareille division.

Le théâtre romain utilisait, par contre, la division par actes. Les comédies de Plaute et de Térence, les tragédies de Sénèque l’attestent et, déjà du temps d’Horace, elle était devenue un précepte absolu :

Neve minor, neu sit quinto productior actu
Fabula, qua posci vult et spectata reponi.

Tout le théâtre du XVIIe siècle a plus ou moins appliqué cette règle. Corneille se vante de l’exactitude avec laquelle il y obéit dans ses premières comédies, au point d’aller jusqu’à s’astreindre à ne pas faire entrer deux vers de plus dans un acte que dans un autre.

La division par acte est, en fait, tout arbitraire et n’a de raison d’être que dans la fatigue du spectateur ou de l’acteur. La détermination rigoureuse du nombre d’actes est encore moins justifiée. Le théâtre moderne, qui proportionne le nombre des actes à la nature et à l’importance du sujet, n’a donc pas appliqué le précepte d’Horace avec une scrupuleuse fidélité, et on compte des pièces en un, deux, trois, quatre ou cinq actes, la division en quatre actes semblant avoir la faveur de la comédie sérieuse.

Les anciens rhétoriciens français, Vossius entre autres, justifiaient le nombre consacré, en disant qu’il fallait d’abord exposer le sujet, développer ensuite l’intrigue par degrés, arriver au nœud, préparer le dénouement et enfin conclure. En réalité, plusieurs parties de cette multiple tâche peuvent s’accomplir en même temps.

La division par actes est une disposition dramatique qui se rencontre également dans les théâtres en Perse, en Inde et jusqu’en Chine, où elle est indispensable à des spectacles d’une durée quelquefois de plusieurs jours.

[modifier] Source

  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 24