Acadien

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Acadien
Drapeau acadien
Population totale approximativement 80 000 (excluant la Louisiane ou la majeure partie de la Nouvelle-Angleterre)
Régions avec des populations significatives Le Canada : 71 590 (autodéfinis dans le recensement canadien de 2001)
Le Nouveau-Brunswick : 26 220
Le Québec : 17 420
La Nouvelle-Écosse : 11 180
L'Ontario : 8 745
L'Île-du-Prince-Édouard : 3 020
Les États-Unis (Nouvelle-Angleterre) : ?
Langue Français acadien (un dialecte du français) et/ou anglais; certaines régions parlent chiac; ceux qui se sont réinstallés au Québec parlent typiquement le français québécois.
Religion Prédominance de l'Église catholique romaine
Groupes ethniques associés Français
Acadiens
Cajuns
Métis
Québécois

Les Acadiens sont les descendants des premiers colons français des régions au nord-est de l'Amérique du Nord, comprenant les actuelles provinces de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard, ainsi que des parties du Québec et de l'État américain du Maine. Même si les Acadiens, tout comme les Canadiens-Français, sont des francophones, l'Acadie fut fondée 4 ans plus tôt que la ville de Québec dans une autre région. De plus, les Acadiens et les Canadiens-Français venaient en général de régions différentes de la France. Les deux peuples ont donc formé des cultures différentes.

Durant le Grand Dérangement de 1755, un nettoyage ethnique ante litteram, les Acadiens furent déracinés par les Britanniques ; la plupart s'établirent en Louisiane, où ils sont connus sous le nom de « Cajuns ».

Sommaire

[modifier] Histoire

En 1603, Henri IV, le roi de France, accorda à Pierre Dugua de Mons le droit de coloniser les terres d'Amérique du Nord. Arrivant en 1604, les colons français (sans femme ni enfant) bâtirent leur fort à l'embouchure de la Rivière Sainte-Croix, qui sépare le Nouveau-Brunswick et le Maine actuels, sur une petite île nommée Île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island). Le printemps suivant, les colons déménagèrent au sud-est de la Baie française (aujourd'hui Fundy Bay) au lieu en retrait qu'ils nommèrent Port-Royal (de nos jours Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse).

Au 17e siècle, après 1632, environ cent familles françaises s'établirent en Acadie. Elles développèrent des relations amicales avec les aborigènes Mi'kmaq, apprenant leurs techniques de chasse et de pêche. Les Acadiens vécurent principalement en régions côtières, sur des terres reprises à la mer par des endiguements nommés aboiteaux.

Établis à la frontière entre les territoires français et britanniques, les Acadiens se trouvèrent sur la ligne de front de chaque conflit entre les deux puissances. L'Acadie passa à plusieurs reprises d'un camp à l'autre, et les Acadiens apprirent à y survivre en adoptant une attitude de neutralité réfléchie, refusant de prendre les armes pour l'un ou l'autre des camps, quel qu'il fut, et en vinrent ainsi à être désignés sous le nom de French Neutrals (les « Neutres français »).

Dans le Traité d'Utrecht de 1713, la France céda aux Anglais cette portion de l'Acadie qui est maintenant la Nouvelle-Écosse (moins l'Île du Cap-Breton). En 1754, le gouvernement britannique, n'acceptant plus la neutralité précédemment tolérée des Acadiens, demanda qu'ils prêtent un serment d'allégeance absolu à la couronne britannique, ce qui revenait à exiger des Acadiens qu'ils acceptent de prendre les armes contre les habitants du Québec français. Les Acadiens refusèrent cette perspective de combattre les membres de leurs familles en territoire français, et pensèrent que ce serment compromettrait à long terme leur culte catholique, face aux rites protestants. Le colonel Charles Lawrence ordonna la déportation massive des Acadiens, sans autorisation formelle de Londres et en dépit d'avertissements des autorités britanniques contre une réaction draconienne. L'historien John Mack Faragher utilisa le terme contemporain de nettoyage ethnique pour décrire cette mesure.

Déportation des Acadiens
Déportation des Acadiens

Dans ce qui est connu comme le Grand Dérangement, plus de 12 000 Acadiens (les trois quarts de la population acadienne en Nouvelle-Écosse) furent expulsés, leurs maisons brûlées et leurs terres confisquées. Les familles furent déchirées, et les Acadiens furent dispersés partout dans les terres britanniques d'Amérique du Nord ; certains furent rendus à la France.

En 2003, sur demande des Acadiens, une proclamation fut émise au nom de la reine Élizabeth II, reconnaissant officiellement la déportation des Acadiens et établissant le 28 juillet comme un jour de commémoration.

[modifier] Origine

Les ancêtres des Acadiens proviennent principalement de l’ouest de la France, du pays des Santons fait de l'Aunis (cap. La Rochelle), la Saintonge (cap. Saintes) et l'Angoumois (cap. Angoulême). Ils sont répertoriés aussi venant de Basse-Bretagne, (cap. Nantes) et des provinces limitrophes, Touraine et Poitou. On y compte aussi des Parisiens et des colons venus du pays basque. Cette population déjà installée se mélangea aux Écossais amenés par sir William Alexander en 1628 dans le but de coloniser le sud de l’Acadie (actuelle Nouvelle-Écosse) et qui étaient restés sur le territoire après le traité de Saint-Germain-en-Laye, conclu en 1632, qui rendait à la France le territoire que réclamait l'Angleterre.

[modifier] Géographie

Les Acadiens
Les Acadiens

Aujourd'hui, les Acadiens habitent pour l'essentiel les rives nord et sud du Nouveau-Brunswick, de l'Île Miscou et de l'Île de Lamèque. D'autres groupes d'Acadiens peuvent être trouvés aux îles de la Madeleine et de part et d'autre du Québec, à l'Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse, comme à Chéticamp, l'Isle Madame et Clare. D'autres peuvent encore être trouvés dans les régions du sud et de l'ouest du Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Angleterre. Plusieurs de ces dernières communautés ont dû faire face à des degrés d'assimilation variés. Pour beaucoup de familles dans des communautés à prédominance anglophone, l'attrition de la langue française (voir: Attrition des langues] s'est produite, particulièrement pour les jeunes générations. Les Acadiens qui se sont installés en Louisiane après 1764, connus comme les Cajuns, ont eu une influence culturelle dominante dans beaucoup de paroisses (voir Paroisse au sens administratif), particulièrement dans le secteur du sud-ouest de la Louisiane, connue comme Acadiane.

[modifier] Culture

Aujourd'hui, les Acadiens sont une minorité, en particulier au Nouveau-Brunswick et en Louisiane (Cajuns). Depuis 1994, le Congrès mondial acadien a uni les Acadiens des Maritimes, de la Nouvelle-Angleterre, et de la Louisiane.

Parmi les plus célèbres Acadiens dans les Maritimes, il y a les chanteuses Angèle Arsenault et Édith Butler, l'écrivaine Antonine Maillet, le boxeur Yvon Durelle, le lanceur Rhéal Cormier, l'ancien Gouverneur général Roméo LeBlanc, l'ancien premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard Aubin-Edmond Arsenault, le premier Acadien à la tête d'une province et le premier Acadien à la Cour suprême provinciale, son père, Joseph-Octave Arsenault, le premier Acadien désigné comme sénateur au Sénat canadien et l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick Louis Robichaud, qui fut responsable de la modernisation de l'éducation et du gouvernement de la province au milieu du XXe siècle.

Le 15 août, la fête de l'Assomption, est la fête nationale des Acadiens. Cette journée-là, les Acadiens font le tintamarre, ce qui consiste en un grand défilé où les gens peuvent s'habiller dans les couleurs de l'Acadie et faire du bruit. L'hymne national des Acadiens, « Ave Maris Stella », est beaucoup entendu pendant cette fête.

[modifier] Drapeaux

Le drapeau acadien est le tricolore français avec une étoile d'or dans le canton, ce qui symbolise Notre Dame de l'Assomption, la sainte patronne des Acadiens et "l'Étoile de la Mer". Ce drapeau fut adopté en 1884 au Congrès national des Acadiens à l'Île-du-Prince-Édouard.

Des Acadiens en diaspora, notamment après le Grand Dérangement, ont adopté d'autres symboles. Le drapeau des Acadiens de la Louisiane, les Cadiens, fut dessiné par Thomas J. Arceneaux de l'Université de la Louisiane à Lafayette et fut adopté par la législature de la Louisiane comme l'emblème officiel de l'Acadiane en 1974. Au Congrès mondial acadien de 2004, Un groupe d'Acadiens de la Nouvelle-Angleterre ont proposé un drapeau acadien néo-anglais créé par William Cork, encourageant son adoption.


Acadiana flag

Drapeau de l'Acadiane en Louisiane


New England Acadian flag

Drapeau des Acadiens de la Nouvelle-Angleterre

[modifier] Langue

Les Acadiens parlent un dialecte de français appelé le français acadien. Beaucoup de ceux de la région de Moncton parlent le chiac et l'anglais. Les descendants cajuns de la Louisiane parlent surtout l'anglais mais plusieurs parlent toujours le français cajun.

[modifier] Hommage au Dérangement

Une statue d'Evangéline - l'héroïne fictive du poème Evangéline par Longfellow - à Saint-Martinville, Louisiane. La statue fut donnée par l'actrice Dolores Del Rio (qui fut la modèle pour l'œuvre), qui incarna Évangéline dans un film muet de 1929 du metteur en scène Edwin Carewe.
Une statue d'Evangéline - l'héroïne fictive du poème Evangéline par Longfellow - à Saint-Martinville, Louisiane. La statue fut donnée par l'actrice Dolores Del Rio (qui fut la modèle pour l'œuvre), qui incarna Évangéline dans un film muet de 1929 du metteur en scène Edwin Carewe.

En 1847, un poème épique de l'écrivain américain Henry Wadsworth Longfellow, Evangeline, fut basé plus ou moins sur les événements autour de la déportation de 1755. Le poème est devenu un classique américain et a aussi contribué à la renaissance de l'identité acadienne dans les Maritimes et aussi en Louisiane.

Robbie Robertson a écrit une chanson populaire basée sur l'expulsion des Acadiens qui s'appelle Acadian Driftwood qui parut en 1975 dans l'album de son groupe The Band, Northern Lights - Southern Cross.

Pélagie-la-charette d'Antonine Maillet parle du retour en Acadie de plusieurs déportés 15 ans après le Grand Dérangement.

[modifier] Légende

Les histoires de Paul Bunyan, un bûcheron fictif des contes populaires américains, sont parfois dites être inspirées par les contes acadiens des bûcherons.

[modifier] Les différences historiques entre les Acadiens du Nouveau-Brunswick et les Québécois

Les Acadiens sont devenus sujets de sa majesté britannique dès 1713 par le traité d'Utrecht, en revanche les Québécois sont restés français 50 ans de plus que leurs cousins acadiens car l'actuel Québec n'est devenu britannique qu'en 1763, à l'issue du traité de Paris : cet élément fondamental, parmi d'autres, explique pourquoi ces deux peuples francophones (Acadiens et Québécois) ont ainsi développé des identités propres et des cultures différentes.

À l'origine, seuls les actuels Québécois étaient des "Canadiens". En effet, le Canada (c'est-à-dire le Québec actuel) et l'Acadie (le Nouveau-Brunswick actuel ainsi que la Nouvelle-Écosse et l'île du Prince-Édouard) étaient deux colonies distinctes, au sein de la Nouvelle-France. C'est pourquoi les Acadiens n'étaient pas à l'origine des "Canadiens". Un glissement sémantique s'est peu à peu opéré avec le terme "canadien" : les anglophones installés dans la province de Québec après la conquête anglaise de 1760 s'appelaient à l'origine "les Anglais" tandis que les francophones restaient "les Canadiens". Peu à peu, les anglophones se désignèrent eux-mêmes par le terme de Canadians pour se distinguer des "Anglais d'Angleterre". Les francophones durent alors se résigner à s'appeler "Canadiens-français", car les anglophones s'étaient appropriés le terme. En 1867, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Ecosse devinrent membres du Canada, et les habitants devinrent aussi des canadiens, terme réservé jusqu'alors aux seuls habitants du Québec et de l'Ontario (Bas et Haut-Canada). C'est donc seulement à partir de cette date que les Acadiens du Nouveau-Brunswick se sont aussi appelés "Canadiens" ou "Canadiens-français". En revanche, un siècle plus tard, leurs cousins québécois ont cessé de s'appeler "Canadiens-français" pour ne plus se désigner que par le terme de "Québécois", tandis que dans toutes les autres provinces du Canada (y compris les Acadiens du Nouveau-Brunswick) la population se désigne d'abord comme canadienne : ironie de l'histoire quand on sait qu'à l'origine, seuls les Québécois étaient désignés par le terme de "Canadiens".

Les Acadiens ont également développé une identité néo-brunswickoise forte : ils sont bien sûr fiers d'être à la fois acadiens et canadiens, mais ils sont aussi satisfaits de leur appartenance à la province du Nouveau-Brunswick, surtout depuis que leurs droits sont reconnus à part entière et que le bilinguisme est assuré constitutionnellement dans cette province où ils sont minoritaires mais nombreux (le tiers de la population).

Le Nouveau-Brunswick est aujourd'hui le reflet des deux grandes communautés qui le composent (anglophone et francophone) et il est très clairement associé à sa minorité acadienne. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick est devenu l'allié et souvent même un des porte-paroles efficace de la communauté acadienne (en plus de leurs propres institutions représentatives).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

Sources

  • Dupont, Jean-Claude (1977). Héritage d'Acadie. Montréal: Éditions Leméac.
  • Faragher, John Mack (2005). A Great and Noble Scheme: The Tragic Story of the Expulsion of the French Acadians from their American Homeland. New York: W. W. Norton & Company.
  • Frink, Tim (1999). New Brunswick, A Short History. Summerville, N.B.: Stonington Books.

Notes
1 Canadian census, ethnic data. Rather than go by self-identification, many would instead define an Acadian as a French speaking person living in the Maritime provinces of Canada; which according to the same 2001 census, was 276,355 (236,665 in New Brunswick, 34,025 in Nova Scotia, and 5,665 in PEI). [1]
² Le Grand Dérangement An exhibit by the Massachusetts State Archives in conjunction with the Commonwealth Museum, made possible through a grant from the National Endowment for the Humanities. Massachusetts State Archives

[modifier] Bibliographie

  • James Laxer, The Acadians: In Search of a Homeland, Doubleday Canada, October 2006 ISBN 0-385-66108-8.

[modifier] Liens externes