Abbaye de Cîteaux

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Abbaye de Cîteaux
Ville Cîteaux
Pays France France
Région  Bourgogne
Département Côte-d'Or
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Début de la
construction
11061150
Fin des travaux XVIe siècleXVIIe siècle & XVIIIe siècle
Style(s)
dominant(s)
Classé(e) Monument historique

L’abbaye de Cîteaux, située dans la commune de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux en Bourgogne, berceau et chef de l’Ordre cistercien, fut fondée par Robert, abbé de Molesmes en 1098. Maison-mère, à la tête de plusieurs centaines de monastères ayant marqué pendant plus de sept siècles la vie spirituelle, économique et sociale du monde chrétien, elle fit de Cîteaux un centre spirituel majeur de l’Europe. L’abbaye et son immense domaine furent vendus en 1791.

Les Cisterciens-Trappistes de l'Ordre de la Sévère Observance, (O.C.S.O.) qui l’occupent depuis 1898 lui ont redonné une vie spirituelle. Elle a aujourd’hui retrouvé son rang de chef de l'Ordre des Cisterciens-Trappistes et continue à briller par sa tradition et sa longue histoire.

Sommaire

[modifier] La fondation

L'Étymologie de Cîteaux

Le nom de l’alleu Cistercium, Cîteaux, qui remplaça le nom de novum monasterium dans les chartes vers 1120[1] pourrait trouver deux explications ; celle du site qui se trouvait « en deçà de la troisième borne milliaire » cis tertium lapidem miliarium, sur la vieille voie romaine qui reliait Langres à Chalon-sur-Saône, ou celle la plus communément admise, qui viendrait du nom de « cistels », roseaux qui poussent dans les zones marécageuses.

Les trois fondateurs de Citeaux : Robert, Albéric (abbé de Cîteaux), et Étienne Harding. Cette peinture commémore et décrit la fondation en 1098, montrant les trois fondateurs vénérant la Vierge Marie
Les trois fondateurs de Citeaux : Robert, Albéric (abbé de Cîteaux), et Étienne Harding. Cette peinture commémore et décrit la fondation en 1098, montrant les trois fondateurs vénérant la Vierge Marie

L’histoire de Cîteaux commença un certain 21 mars de l’année 1098, le jour de la fête de saint Benoît[2]. Ayant quitté ce jour-là l'abbaye de Molesme avec l’autorisation du légat Hugues de Die, archevêque de Lyon, un petit groupe de vingt et un moines, conduit par Robert, un ancien abbé bénédictin de Saint-Michel de Tonnerre, apparenté à la grande famille des sires de Maligny[3], arriva dans l’alleu de Cîteaux pour y vivre dans l’esprit de prière et de pauvreté selon la règle écrite par Benoît de Nursie au VIe siècle.

Robert et ses disciples trouvèrent dans le bas-pays dijonnais, entre la Côte et le Val de Saône, dans une contrée peu peuplée, boisée, aux eaux dormantes, un lieu inculte, peu accueillant, hostile même, mais permettant la construction de bâtiments. Les terres étaient cultivables et pouvaient assurer la subsistance des moines, tout en leur offrant l’isolement et le silence propices au recueillement et à la paix monastique. Ce lieu que le Grand Exorde[4] a qualifié du nom de « désert[5] » n'était pas un lieu inhabité. À cet emplacement existait un petit village de serfs qui possédait une église. Ce site était propriété, du chef de sa femme Hodierne, du vicomte Raynald (ou Renard) de Beaune, cousin de Robert. Le duc de Bourgogne Eudes Ier (ou Borrel), s’accommoda avec Raynald et fit don à Robert de Molesme, au lieu-dit de la Petite Forgeotte, non loin du Puits Saint-Robert, du terrain nécessaire à la construction d’un novum monasterium et de ses dépendances.

Bien modeste fut à l’origine l’habitat des fondateurs de ce « Nouveau Monastère », fait de fragiles constructions de bois, qui ne furent entreprises qu’après que Gauthier, évêque de Chalon-sur-Saône, accorda à Robert toute juridiction sur les lieux.

[modifier] Les premiers temps

Les premiers moments des fondateurs furent difficiles. Les forces nécessaires à la mise en valeur des terres dépassaient celles qu’ils avaient à offrir. Les disciples de Robert souffraient d’une pauvreté extrême et suscitaient par leur total dénuement charité et miséricorde. Eudes Ier fit preuve de générosité et le pape Pascal II accorda, par la bulle Desiderium quod du 19 octobre de l’année 1100, sa protection au « Nouveau Monastère ». Le duc de Bourgogne fournit aux moines de grands biens pour la construction et céda de nouveaux fonds pour la nourriture et l’entretien des religieux. Ce soutien permanent l’a fait regarder comme le fondateur de cette Abbaye[6]». Mais les difficultés d’approvisionnement en eau du site initialement choisi[7] obligèrent Albéric (dit aussi Aubry)[8], († 26 janvier 1109[9]), successeur de Robert après juillet 1099[10], et sa communauté à s’installer deux kilomètres plus au sud, où ils construisirent, sans doute toujours grâce à la générosité d’Eudes, de nouveaux bâtiments dont une chapelle, qui prit plus tard le nom de chapelle saint-Edme[11]. Construite en pierre, elle fut dédiée à Notre-Dame par Gauthier, évêque de Chalon-sur-Saône, le 16 novembre 1106. Plus tard, une basilique fut construite à une date que l’on place entre 1130 et 1150. Les érudits émettent l’hypothèse que la mise en place, dans une châsse, en 1124, du cœur du pape Calixte II pourrait marquer le début des travaux. Cette basilique fut consacrée à la Vierge le 17 octobre 1193 par Robert, évêque de Chalon-sur-Saône. Les destructions révolutionnaires n’en ont rien laissé.

En 1109, Etienne Harding[12], (1060-1134) moine d’origine anglaise, homme intelligent, érudit, habile organisateur et administrateur expérimenté, qui fut du groupe des fondateurs de 1098, fut élu troisième abbé du Nouveau Monastère à la mort de l’abbé Albéric (26 janvier 1109[9]). Aux problèmes de pauvreté auxquels il dut faire face, s’ajoutèrent les trop rares vocations, découragées par une réputation de trop grande austérité. La communauté voyait fondre ses effectifs : « […] et touchaient aux portes du désespoir parce qu’ils croyaient devoir rester sans successeurs. […] »[13]. Harding comprit qu’il devait accepter un quotidien moins extrême pour attirer des nouveaux postulants.

[modifier] Bernard et les quatre filles de l’Ordre

Bernard de Clairvaux, manuscrit du XIIIe siècle
Bernard de Clairvaux, manuscrit du XIIIe siècle

C’est alors qu’en 1112, Bernard de Clairvaux (1090-1153), alors âgé de vingt-cinq ans, de noble famille, né à Fontaine (près de Dijon), décida d’aller à la rencontre de Dieu et de vivre dans l’ascèse monastique la plus rude. Il choisit de prendre l’habit de moine à Cîteaux. Trente compagnons, parents ou amis, le suivirent dans sa retraite. Dès son arrivée, la communauté connut alors un prodigieux essor grâce à son extraordinaire rayonnement et à son action. La personnalité charismatique de Bernard, le maître spirituel incontesté de Cîteaux, marqua l'histoire de l'Ordre durant la première moitié du XIIe siècle et attira de nombreux convertis.

La communauté devint florissante et l’espace manqua pour y loger les religieux. Il fallut essaimer. Quatre colonies furent créées presque en même temps aux extrémités de la Bourgogne. En 1113 ce fut La Ferté-sur-Grosne au diocèse de Chalon-sur-Saône. En 1114, ce fut Pontigny au diocèse d’Auxerre. En juin 1115, Bernard lui-même fut envoyé avec douze de ses compagnons pour fonder, au diocèse de Langres, sur les terres d’un cousin châtillonnais, près de Laferté-sur-Aube, l’abbaye de Clairvaux. En même temps partait une autre colonie monastique pour fonder l’abbaye de Morimond, également au diocèse de Langres. La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond furent les quatre “filles de Cîteaux” dont sortirent les rameaux de l’Ordre cistercien. L'influence de Bernard dans l'expansion de l'Ordre fut décisive. Les quatre filles de Cîteaux eurent leurs filiales, mais de Clairvaux naquit le plus grand rameau de l’Ordre. À la mort de Bernard, trois cent quarante-et-une maisons, filiales de Clairvaux étaient établies. L’Ordre de Cîteaux gagna toute l'Europe ; dans les provinces françaises, en Angleterre, en Allemagne, en Bohême, franchissant les Alpes et les Pyrénées. L'Ordre compta jusqu'à sept cent soixante-deux monastères.

[modifier] La Charte de Charité

Afin de retrouver dans toutes les fondations la même façon essentielle d’interpréter la Règle bénédictine du VIe siècle, sans y introduire un sens différent, et de promouvoir l’union des nombreuses abbayes cisterciennes, Étienne Harding, en collaboration avec les quatre abbés des premières filles et ses moines, rédigea le texte constitutionnel fondamental de l’Ordre de Cîteaux, la carta caritatis, la Charte de charité[14] Ce document établissait un lien de charité et d'entraide entre chaque maison et incluait diverses mesures d'observance. Le pape clunisien Calixte II de passage à Saulieu approuva le 23 décembre 1119 ce célèbre texte que lui présenta Étienne Harding[15].

La carta caritatis, plusieurs fois remaniée par le suite, prévoyait que le pouvoir suprême n’appartiendrait pas à l’abbé de Cîteaux, mais au Chapitre Général, qui se réunissait chaque année autour de la fête de la Sainte Croix (14 septembre) à Cîteaux, (ce qui se fit pendant plusieurs siècles). Placés sous la présidence de l’abbé de Cîteaux[16], les abbés y décidaient de la conduite des affaires de l’Ordre.

La carta caritatis n’empêcha pas les querelles entre les membres de l’Ordre. Dès 1215, une première querelle naquit entre les Premiers Pères et l’abbé de Cîteaux pour une question de préséance. La première manifestation de ces querelles intestines à l’Ordre fut l’élection en 1262 de Jacques II abbé de Cîteaux ; elle se fit sans consulter les quatre Premiers Pères[17]. Le pape Clément IV confirma la validité de cette pratique, qui permit aux moines de Cîteaux d’élire seuls leurs abbés.

Au sein même de Cîteaux, les discordes apparurent et l’élection d’un nouvel abbé fut souvent un moment de compétition qui n’améliora pas les relations.

[modifier] Le Chapitre Général cistercien

Folio de la Bible de Étienne Harding
Folio de la Bible de Étienne Harding

Le premier Chapitre Général[18] eut lieu en 1119. Il se tint sous la présidence d’Étienne Harding, qui continua à les présider jusqu’en 1134. Le nombre croissant de capitulants attesta bien de la rapide croissance de l’Ordre, même si, dans les débuts, les abbés des maisons éloignées furent dispensés de se rendre chaque année au Chapitre Général. S’ils ne furent que 10 abbés[19] en 1119, ils se comptèrent soixante-dix en 1134 et deux cents en 1147[20]. La durée des sessions n’excédait pas cinq jours.

Le Chapitre Général joua un rôle déterminant dans la conduite des affaires. Il gérait le présent et pensait l’avenir. Ses délibérations portaient sur les grands intérêts généraux de l'Ordre, et souvent il dut intervenir pour rappeler le principe de l'uniformité.

Le gouvernement de l'Ordre, qui s'étendait du Portugal à la Suède, de l'Irlande à l'Estonie et de l'Écosse jusqu'en Sicile, devenait une affaire trop complexe. Il fut nécessaire de mettre en place un comité exécutif restreint, le Definitorium (les définiteurs), institué par le Chapitre Général de 1197. La définition de la composition et des pouvoirs du Definitorium fut à l’origine de graves dissensions entre l’abbé de Cîteaux et les abbés de La Ferté, de Pontigny, de Clairvaux et de Morimond, les quatre premiers pères. En 1265, au plus fort du conflit, le pape Clément IV dut intervenir pour mettre un terme à cette lutte de pouvoir, en proclamant la bulle Parvus fons, plus connue chez les cisterciens sous le nom de Clementina. Les dispositions proposées par le pape pour la désignation et le choix de ses membres ne satisfirent pas les premiers abbés, qui estimaient qu’elles accordaient trop de pouvoirs à l’abbé de Cîteaux. Il fallut la médiation du légat du pape, le cardinal-prêtre de San Lorenzo, ancien abbé de Cîteaux, pour parvenir à un compromis appelé : l’Ordinato cardinalis Sancti Laurentii, ou Ordonnance du cardinal de San Lorenzo, proposant de nouvelles modalités de désignation des membres, et accepté par le Chapitre Général et le pape. En 1265, la composition officielle du Definitorium fut fixée à vingt-cinq membres appelés les définiteurs.

Les décisions prises lors de ces assemblées furent rapportées dans des registres appelés statuta, instituta et capitula.

Perdant une partie de son intérêt, et subissant les difficultés inhérentes à l'éloignement des participants, aux conjonctures difficiles des périodes troubles, dues aux dissensions et querelles internes (Guerre des Observances, par exemple) ou à des événements externes à l'Ordre, le Chapitre Général connut une forte désaffection de la part des abbés dès la fin du XIIIe siècle. L'abstentionnisme était alors de mise. La tenue des Chapitres fut même suspendue pendant les grands événements, tels le Grand Schisme (1378-1417), qui opposa le pape d'Avignon au pape de Rome, les guerres, les épidémies ou autres fléaux. Il avait perdu sa périodicité annuelle. Les réunions s'espacèrent régulièrement à partir de 1546 ; on n'en compta que six de 1562 à 1601. Treize Chapitres eurent lieu au XVIIe siècle et cinq seulement au XVIIIe siècle. Le dernier avant la Révolution se tint en 1785[21].

Les débats se tenaient dans la salle capitulaire, grande salle carrée de 19 m de côté, pouvant accueillir environ trois cents sièges.

Le Chapitre Général n’attirait pas que les abbés. Les dignitaires désireux d’exprimer leur attachement et leur dévouement à l’Ordre rendaient visite aux abbés lors de leurs assemblées. Y siégèrent des papes, des rois, des princes, des prélats. Louis le Gros assista au Chapitre Général de 1128, le pape Eugène III présida celui de 1147 (ou 1148). Louis VII dit le jeune et le duc de Bourgogne Hugues III étaient à Cîteaux en 1164. Le 16 septembre 1244, l’abbé général reçut Louis IX, la reine, sa mère la reine Blanche de Castille, ses frères dont le comte de Poitiers Alphonse de Poitiers, le comte de Flandre Thomas II de Piémont, le duc Hugues IV de Bourgogne et six comtes de France. Le chapitre de l’ordre de Saint-Michel, du 10 juin 1521, fut présidé par François Ier. Le roi était accompagné de sa mère, Louise de Savoie, et de nombreux chevaliers.

Le roi Louis XIV honora le monastère de plusieurs visites. D’abord en 1648 (ou 1649) où, reçu par dom Vaussin, il assista au Chapitre Général, puis le 12 avril 1650 accompagné d’Anne d’Autriche, du cardinal Mazarin et d'autres seigneurs, et à nouveau en 1683, accompagné de la reine Marie-Thérèse, alors qu’il visitait le camp retranché de Saint-Jean-de-Losne. C’est à cette occasion qu’il fit don de la plus grosse des huit cloches de la basilique[22].

La tenue des Chapitres Généraux à Cîteaux confirmait l'abbaye dans sa position à la tête de l'Ordre. En 1491 l’abbé de Cîteaux était reconnu comme chef d’Ordre par 3 252 monastères. Il était le seul à posséder le droit de présider le Chapitre Général. C'était aussi le plus grand personnage du clergé régulier en Europe et l'un des plus grands de l'Église de France. L'abbé Jean de Cirey, 46e abbé de Cîteaux, fut élevé par Louis XI en 1477 à la dignité perpétuelle de premier conseiller né en son parlement de Bourgogne, en remerciement de sa célérité à se rallier au nouveau maître de la Bourgogne.

[modifier] La « guerre des observances »

Partie centrale du bâtiment Lenoir. XVIIIe siècle
Partie centrale du bâtiment Lenoir. XVIIIe siècle

Le respect de l’idéal prôné par la charte ne fut pas un obstacle à la volonté des cisterciens de s’adapter selon les circonstances et à réviser leurs statuts. À maintes reprises, l’idéal primitif fut même quelque peu bafoué. Le temps fit son œuvre et l’Ordre s’éloigna progressivement de l’idéal de perfection qui avait été le moteur de son rayonnement. L’Ordre se laissa finalement corrompre par sa puissance.

Sa décadence commença au début du XIIIe siècle. L’abbé Conrad d'Urach, élu en remplacement d'Arnaud II démissionnaire, amorça un mouvement de réforme.

En 1493, à son tour, le pape Innocent VIII tenta de lutter contre la décadence. Il ordonna à l’abbé de Cîteaux de travailler dans cette voie en collaboration avec les abbés. Les mesures préconisées ne furent pas confirmées par le Chapitre général.

Au début du XVIIe siècle, le Concile de Trente décida d’une réforme entre les monastères réformés qui voulaient suivre la règle de l’« Étroite Observance » et ceux non réformés de la Commune Observance. La mise en application de cette réforme se fit dans un climat peu édifiant de querelles entre communautés.

Les querelles entre les partisans de la réforme et les antiréformistes s’amplifièrent à un point tel qu’elles se transformèrent en une lutte sévère appelée « guerre des observances »[23], qui commença vers 1606. Vers 1620, Louis XIII intervint et demanda au pape Grégoire XV de prendre les mesures pour la réforme de l’Ordre. En 1622, le pape nomma le cardinal François de La Rochefoucauld, ancien évêque de Clermont, pour prendre en main la réforme.

En 1634, au plus fort de la discorde, Richelieu fut appelé par les supérieurs de l’Ordre et pressé d’accepter le titre de « cardinal-protecteur de l’Ordre[24] ». Richelieu accepta la proposition et reçut le 22 décembre 1635 les lettres patentes de confirmation du roi. Le 15 janvier 1636, Richelieu envoya le sieur Froissard, docteur en Sorbonne, pour prendre, en son nom, possession du siège de Cîteaux.

Les supérieurs de l’Ordre, qui avaient déclaré qu’ « ils aimaient mieux être fouettés par son Éminence que caressés par La Rochefoucauld », trouvèrent en Richelieu un ardent défenseur de la réforme. Sa mort survenue le 4 décembre 1642 fit perdre aux partisans de la réforme leur plus puissant et fidèle soutien, même si, dans son testament, le cardinal avait demandé à Louis XIII de veiller à ce que l'abbé de Cîteaux fût un religieux de l'Étroite Observance.

La guerre des observances commença à s'apaiser en 1666, après que le pape Alexandre VII eut promulgué la bulle In Suprema destinée à rétablir la paix dans l’Ordre. Cette bulle fut toutefois rejetée par le Chapitre Général du 19 mai 1672.

[modifier] L’abbaye face aux calamités

L’abbaye ne fut pas épargnée par les malheurs du temps. En 1297, toute l’abbaye, hormis l’église, brûla[25]. Les saccages se succédèrent de siècle en siècle. En 1350 et 1360, sévirent les routiers, cinq ans plus tard routiers ou Grandes Compagnies réapparurent. Chaque fois les moines trouvèrent refuge à Dijon. Le rattachement du duché de Bourgogne à la couronne de France coûta, en 1476, une nouvelle dévastation de l’abbaye par les troupes du duc Maximilien, qui occupèrent Beaune. Le XVIe siècle avec ses guerres de religion ne fut pas en reste d’alertes et de désolations.

En 1574, (selon certain auteur en 1576), l’abbaye eut à connaître le pillage des huguenots avec, à leur tête, le prince de Condé et le duc de Bavière Jean Casimir. Il en coûta 3 000 écus de rançon à l’abbé pour éviter une ruine complète. En 1589, les soudards du duc de Mayenne, chef des ligueurs et gouverneur de Dijon, passèrent par Cîteaux et s’en prirent à l’abbaye. Ils furent suivis de près par ceux du comte de Tavannes, le chef du parti huguenot. Ils laissèrent derrière eux un spectacle d’une complète désolation. Tout fut détruit ou emporté, y compris les cloches de la basilique, pour être transformées en canons. Les chevaux, les juments, les bœufs, les moutons, les meubles, le linge, la vaisselle, le vin et autres denrées, tout fut emporté. En 1595 la guerre fit rage entre Henri IV et le duc de Mayenne. Un détachement du maréchal Biron, duc et pair, compagnon d’Henri IV, chargé de prendre aux ligueurs des places fortes de Bourgogne, dont celle de Beaune, passa par Cîteaux, qui fut une nouvelle fois saccagée. Cette fois, ils en vinrent même à arracher la couverture de plomb, qui recouvrait la basilique. L’abbaye possédait alors un haras de juments qui comptait cent mères portantes. Après leur départ, il n’en resta plus que cinq ou six. Pour relever les ruines, les moines durent vendre quelques-unes de leurs propriétés : Pommard, Ouges, etc. Par lettres patentes, Henri IV reconnut à 200 000 livres le montant des dégâts subits par l’abbaye de 1590 à 1595.

Un siècle et demi plus tard, en l’année 1636, les troupes de Gallas firent une intrusion dévastatrice dans une Bourgogne laissée sans défense par le départ des troupes de Condé, après le siège manqué de Dole. Elles laissèrent dans la campagne bourguignonne une longue cicatrice noircie, qui passait par Cîteaux. Toute l’abbaye fut pillée, les archives détruites en partie. Richelieu pourtant « cardinal-protecteur de l’Ordre[24] » ne fit rien pour relever la maison-mère de ses ruines.

L’abbé dom Vaussin fit lever des contributions sur les monastères de l’Ordre pour restaurer le monastère.

[modifier] Le temporel de Cîteaux

Abbaye de Cîteaux Le définitoire du XVIIe siècle. Classé monument historique
Abbaye de Cîteaux Le définitoire du XVIIe siècle. Classé monument historique

Une tâche, rendue encore plus rude par un idéal d’une grande exigence, attendait les premiers Cisterciens. Déployant de grands efforts, ils firent vite la preuve de leur capacité à affronter un milieu naturel hostile, à apprivoiser l’eau et à modeler le paysage afin d’assurer leur subsistance. Le concours de généreux donateurs, des princes, des seigneurs, des bourgeois, mais aussi des hommes plus simples qui prirent l’habit de convers, leur fut précieux. L’idéal de la Carta caritatis les privant des revenus classiques, (cens, dîme...), le bénéfice des dons qu’ils reçurent leur permirent de se constituer le vaste espace territorial dont ils avaient besoin pour asseoir la solidité de leur économie. Les donations et acquisitions dont ils grossissaient leur domaine, terres, forêts ou vignes, se trouvaient être parmi les meilleures.

[modifier] Les granges du monastère

L’éloignement de certains domaines, indispensable à l’obtention d’une diversité des productions : vignobles, terres céréalières, pâturages, bois, étant un obstacle à une exploitation directe, ils créèrent de petites unités territoriales dispersées, appelées granges, dont la mise en valeur fut confiée aux frères convers. Il s'agissait de domaines ruraux cohérents avec bâtiments d'exploitation et d'habitations, regroupant des équipes de convers spécialisés dans une tâche et dépendants d'une abbaye mère[26]. Cîteaux en est l’illustration. Les moines avaient créé une première couronne d’exploitations à proximité immédiate de l’abbaye : les granges de La Forgeotte, Saule, la Grange Neuve, La Borde, La Loge, Bretigny, Folchétif, Tarsul, puis plus éloignées, se trouvaient les granges de Rosey, Gergueil, Crépey, Meursault, Moisey, Aloxe, Détrain, Gilly-lès-Cîteaux, Ouges, Tontenans, certaines à vocation purement viticole dont le célèbre Clos de Vougeot, fondé avant 1110 sur un terrain en friche donné par les chevaliers de Vergy.

« Bonum vinum ». Un secteur de l’agriculture où les moines ont particulièrement brillé est celui de la viticulture. Elle est l’une des réussites les plus prodigieuses qui n'appartint pas seulement aux cisterciens mais à toutes les communautés monastiques. Portés par un intérêt particulier à la vigne qui s’inscrit naturellement dans la doctrine spirituelle de l’Église pour différentes raisons dont les plus évidentes sont que la communion exige le vin et que saint Benoît lui-même donna son accord, agrémenté, il est vrai, de quelques réserves : « une hémine de vin par jour peut suffire »[27], les moines furent les maîtres incontestés de la viticulture pendant des siècles et l’ont propagée partout où ils s’installèrent. Leur rôle fut dominant dans la sélection des cépages et le perfectionnement de la vinification.

La vigne de Meursault[28], reçue au moment de leur établissement en 1098 de leur généreux donateur, Eudes Ier de Bourgogne, ne couvrant pas leurs besoins, les moines de Cîteaux eurent recours à de nombreuses acquisitions et reçurent d’autres donations de vignes sur la Côte. Leur production était à l'époque très différente des standards actuels en œnologie. Ainsi, le vin produit par les vignes que possédaient les moniales cisterciennes de l'abbaye de Tart sur la Côte, à Morey à Dijon à Beaune et peut-être à Bouze, était « pour l'essentiel du vin blanc, acide et vert, faible en degré alcoolique, aidant à la digestion des viandes rôties et faisandées consommées alors par les riches. Ces vins qui ne tiraient sans doute pas plus de 6° ou 7° ne se conservaient pas longtemps et voyageaient difficilement[29]».

Les granges cisterciennes optimisèrent les capacités de production agricole et viticole en introduisant une spécialisation de la main-d'œuvre. Chaque grange était exploitée par cinq à vingt frères convers (nombre idéal du point de vue de la gestion, au-delà d'une trentaine de personnes le simple sentiment de faire partie d'un groupe ne suffisait plus à motiver toute la main d'œuvre à la tâche), au besoin aidés d'ouvriers agricoles salariés et saisonniers. Les phases de développement se succédant, le temporel de Cîteaux devint un ensemble aux dimensions exceptionnelles et conféra à l’abbaye une réelle puissance économique. Un siècle après la fondation de Cîteaux, l'ordre comptait plus de mille abbayes, plus de six mille granges réparties dans toute l'Europe et jusqu'en Palestine.

[modifier] Le génie hydraulique à Cîteaux

La règle bénédictine voulait que chaque monastère dût disposer d'eau et d'un moulin. L'eau permet de boire, de se laver et d'évacuer ses déchets[30]. C'est pourquoi les monastères furent en général placés le long d'un cours d'eau. Quelquefois établis en des points où le précieux liquide faisait défaut ou n'existait pas en quantité suffisante, ils durent se spécialiser dans le génie hydraulique et construisirent barrages et chenaux pour amener l'eau à leurs moulins. Les moines de Cîteaux s'étaient initialement installés près du ru du Coindon, insuffisant à couvrir leurs besoins. Sous l'abbatiat d'Albéric, 1099-1108, cette difficulté d'approvisionnement en eau les obligea à déplacer l'abbaye de 2,5 km pour s'établir au confluent du Coindon et de la Vouge[30],[31]. En 1206, il fallut encore augmenter le débit hydraulique et un bief sur la Vouge, long de 4 km, fut creusé. Cette dérivation se révéla encore insuffisante. Les moines, après avoir négocié le passage au duc de Bourgogne et au chapitre de Langres, s'attaquèrent, non sans difficultés, au chantier du détournement de la Cent-Fonts, qui leur assura un débit régulier de 320 litres par seconde[30]. Le chantier fut considérable, les moines durent, en plus du canal long de 10 km à creuser à partir du village de Saulon-la-Chapelle, réaliser le pont des Arvaux, un pont-aqueduc de 5 m de haut, permettant le passage du canal au-dessus de la rivière Varaude[30]. Vers 1221, l'eau du canal arriva dans le monastère, et le résultat fut à la hauteur des efforts engagés. Ces travaux augmentèrent considérablement le potentiel énergétique de l'abbaye : avec une chute d'eau de 9 mètres[32], au moins un moulin et une forge furent installés sur le nouveau bief[33]. Ces eaux, renforcées par les eaux du bief de la Vouge et du ru du Coindon circulaient au moyen de canalisations souterraines sous l’ensemble des bâtiments : logis ducal, bâtiment des convers, réfectoire, cuisine, et noviciat pour alimenter ensuite un canal à ciel ouvert.

[modifier] L’économie du monastère

L’économie du monastère ne fut pas toujours florissante et connut des périodes difficiles. En 1235, l’abbaye était couverte de dettes. En 1262, le monastère faisait à nouveau face à une grave crise financière, la tenue des réunions annuelles du Chapitre général étant source de grandes dépenses. Le Chapitre général autorisa l’abbé de Cîteaux à mettre à contribution les autres monastères de l’Ordre.

À la fin du XIIe siècle, les Cisterciens, à la tête d’un domaine de quelque 5 000 hectares, avaient jeté les bases du temporel. Le grand atlas de Cîteaux, conservé aux archives départementales de Dijon (11H138), nous permet de connaître le détail des propriétés de Cîteaux en 1718. Elles se décomposaient comme suit : Enclos de Cîteaux : 20 hectares ; Étangs 150 hectares ; Vignes 120 hectares ; Prés : 700 hectares ; Terres de labour : 4 000 hectares ; Bois : 4 200 hectares ; 2 000 hectares étant autour de l’abbaye. Soit au total 9 190 hectares. Elles approchaient certainement, tout compris, plus de 11 000 hectares.

En 1726 l’abbaye de Cîteaux comptait 120 000 livres de revenu.

Cette expansion assura aux Cisterciens une place prépondérante, non seulement au sein du monachisme européen, mais aussi dans la vie culturelle, politique et économique.

[modifier] Les bâtiments de l’abbaye au XVIIe siècle

Plan cavalier de l'abbaye de Cîteaux. Issu du Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856.
Plan cavalier de l'abbaye de Cîteaux. Issu du Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856.

Au XVIIe siècle, Cîteaux se présentait comme une petite ville enserrée à l'intérieur d'un vaste mur d'enceinte. Ses bâtisseurs avaient mis en œuvre cette solution comme une réponse architecturale à l’observance du vœu de stabilité selon la Règle de saint Benoît. « L’âme est en danger quand le moine est en dehors de son monastère, le cénobite court des risques quand il s’éloigne de sa communauté »[34]. Cette règle voulait que tout le nécessaire se trouvât à l’intérieur du monastère, le mur d’enceinte protégeant du monde extérieur de vastes constructions qui étonnent par leur importance. Mais Cîteaux, chef d’Ordre, n’était pas une abbaye quelconque. Cîteaux se devait de recevoir décemment, non seulement les délégués du chapitre annuel, leurs familiers, les chevaux, mais aussi la famille ducale, et d'héberger les novices. Ces obligations ont influé sur l'infrastructure d'accueil qui devait répondre aux besoins.

Au nord, la porterie s’ouvrait sur une première cour appelée basse-cour, fermée sur tout son pourtour par de vastes bâtiments destinés aux hôtes et aux étrangers. À son extrémité sud, une seconde porte, dont l’étage était réservé au logement des duchesses de Bourgogne, donnait accès à une grande cour d’honneur fermée sur sa partie sud par le logis des ducs de Bourgogne. Cette cour comprenait certaines dépendances qui n’étaient utilisées qu’au moment du Chapitre général. Les bâtiments conventuels s’organisaient principalement autour de trois cloîtres ; le grand Cloître, le cloître du Colloque et le cloître saint Edme. Autour de chacun de ces trois espaces clos s’ordonnaient les lieux réguliers : église, salle capitulaire ayant la fonction de salle d'assemblée législative et de tribunal, parloir, chauffoir, réfectoire, cuisine et dortoir. De l’église érigée au XIIe siècle, centre de la vie spirituelle du monastère, longue de cent deux mètres et dont la nef mesurait onze mètres cinquante de large, en 1807 il n'en restait déjà plus rien. À l'est du cloître saint Edme, le logement de l'abbé général qui s'était éloigné de sa communauté. Il fut par la suite transféré dans le logement des ducs de Bourgogne.

La fin de la période médiévale est marquée par l'achèvement, en 1509, de la construction de la bibliothèque, seul bâtiment de cette époque encore existant sur le site.

Les bâtiments n'ont cessé d'évoluer au fil des siècles pour s'adapter aux besoins. C’est à la fin du XVIIe siècle, sous l’abbatiat de Dom Jean Petit, que fut achevé le bâtiment, appelé aussi le nouveau définitoire, comportant des salles voûtées au rez-de-chaussée. L’étage fut affecté au nouveau dortoir des novices. Ce bâtiment long de 80 m de long et large de seize, sauvé des destructions révolutionnaires, n’est parvenu jusqu’à nous que très dénaturé par les installations industrielles du XIXe siècle qu’il dut abriter.

D’importants et nécessaires travaux de restauration furent conduits sur l’ensemble des bâtiments dans la première moitié du XVIIIe siècle avec les crédits dégagés par la vente des réserves de bois, mais il parut nécessaire à Dom François Trouvé, dernier abbé de Cîteaux, de demander l’autorisation d’une nouvelle vente d’une réserve de bois de 945 arpents[35], qui se fit en 1762, afin de faire face à de nouveaux besoins. Les architectes Nicolas Lenoir dit le Romain et Jean Caristie établirent un projet grandiose de reconstruction. Le projet ne fut réalisé que partiellement, et ce qui fut réalisé ne représenta finalement qu’un fragment de l’immense projet. Le bâtiment de 100 m de long sur 20 m de large, dit bâtiment Lenoir ou encore logis abbatial, qu’ils élevèrent, fut terminé pour le chapitre de 1771. Il est un des trois bâtiments épargnés par la Révolution et il est affecté aujourd'hui à la communauté.

[modifier] La langue des signes dans la vie monastique

Il régnait au sein du monastère une vie austère, ritualisée et réglée par le son des cloches. Prières liturgiques, pratique des vertus monacales, travail et silence, telle était la vocation du moine selon la règle de saint Benoît. Le silence en était un des principes fondamentaux, mis en avant par les premiers pères du monachisme. C'était un élément jugé indispensable pour aider les moines à surmonter le péché qu’ils s’étaient engagés à vaincre. Pour Basile le Grand (329, Césarée - 379), le respect de la règle du silence permettait aux novices de développer la maîtrise de soi tout en contribuant aux progrès de l'étude et pour Benoît de Nursie, c’était « l’instrument des bonnes œuvres ». Pourtant, pour la bonne marche de leurs occupations quotidiennes ponctuées par le travail, la méditation et le repos, les religieux avaient à échanger des informations. Ils avaient élaboré un moyen qui ne perturbait pas le silence des autres : ils utilisaient un langage qui semble remonter au tout début du monachisme[36] : la langue des signes.

Il est probable que Robert de Molesmes avait adopté, et adapté, l’un de ces systèmes à Molesmes, système ensuite transmis au nouveau monastère de Cîteaux[37].

Ce système avait pour but de permettre la transmission en silence d’informations pratiques plutôt que d’être un outil de communication. Une liste de Clairvaux répertorie 227 signes, qui couvrent les domaines de la vie monastique : la nourriture, la boisson, les objets liturgiques et ecclésiastiques, les membres de la communauté, les bâtiments, les ustensiles, etc. Des lexiques de ce type, plus ou moins longs, étaient également utilisés tous les jours dans les autres monastères de l’Ordre[38]. La rigueur de la règle rendait son application difficile et les moines se montraient réticents à l’appliquer. Le Chapitre Général le démontra par ses mises en garde répétées, comme il indiqua que ce langage était également utilisé pour les conversations plus futiles voire les plaisanteries. L’application de la règle, qui se relâcha au fil des siècles, entraîna la disparition de ce système de langage par signes : il n’était plus appliqué, ou alors de façon insignifiante, au XVIIe siècle dans la plupart des monastères. La réforme de la Stricte Observance, du père Armand de Rancé de l'abbaye de La Trappe à partir de 1664, lui redonna un nouvel élan.

[modifier] La nécropole de Cîteaux

L’outrage fait aux sépultures
Récit d’un témoin contemporain

« Ces tombeaux étaient en marbre ; on a enlevé les marbres, et on a laissé les os pour que le public puisse en faire des castagnettes. Le cœur de Calixte II, pape était placé derrière le maître autel dans une obélisque (sic) en pierre commune ; on a laissé le tout à l’adjudicataire pour en faire son profit […] Dans une chapelle de l’église, dédiée à tous les saints, il y avait une gloire à la Bernine (sic) ; un tombeau en l’air et en saillie au-dessus de l’autel, et soutenu par deux anges presque de grandeur naturelle, et qui paraissaient se soutenir eux-mêmes à l’aide de leurs ailes, portaient et soutenaient le tombeau chacun de leur côté ; il renfermait beaucoup de reliques. Tout a été vendu […] Le tombeau d’Alix[39] et ses os sont restés avec les décombres parce que la matière en pierre ne méritait pas d’être conservée… » .
Tiré de : Pour une histoire monumentale de l’Abbaye de Cîteaux, chapitre écrit par Marie-Françoise Damongeot et Martine Plouvier : Cîteaux-nécropole : la « saint-Denis bourguignonne »
[40]

Tombeau de Philippe Pot et ses pleureuses. Musée du Louvre
Tombeau de Philippe Pot et ses pleureuses. Musée du Louvre

La renommée du monastère était telle que les ducs de Bourgogne de la première génération, les descendants d’Hugues Capet, choisirent ce haut-lieu de la chrétienté pour sépulture[41]. Plus de soixante membres de la Maison de Bourgogne y furent ensevelis. Parmi la longue liste citons : Eudes Ier, mort en 1102 en Palestine, qui y fut transporté et inhumé en 1103, son fils Hugues II († 1143), son fils Henri de Bourgogne († 1178), évêque d’Autun, Eudes II († 1162) ainsi que son fils Hugues III, mort en 1192, à Tyr, Eudes III mort en 1218 à Lyon, et citons également le dernier de la lignée des ducs capétiens, Philippe de Rouvres († 1361). Il y en eut bien d’autres encore, personnages célèbres et moins célèbres tels : le bienheureux Alain de Lille, docteur universel, convers de Cîteaux († 1202 ou 1203), Bernard de Clairvaux, Guy de Bourgogne, archevêque de Vienne et légat du pape, devenu lui-même pape sous le nom de Calixte II, († le 10 décembre 1124), Robert de Bourgogne, comte de Tonnerre († 1315), Agnès de France, fille de Louis IX, Perrenot de Champdivers († 1348) bourgeois de Dijon, Philippe de Vienne, († 1303), seigneur de Pagny, Philippe Pot, († 1494) sénéchal de Bourgogne, et bien sûr prélats, prieurs et religieux.

Pendant tant de siècles, les plus précieux monuments et les sanctuaires les plus chers avaient offert aux vénérables une paix éternelle en ce lieu. L'abbaye fut vendue à la Révolution. L'adjudicataire en fit son profit : tombeaux et pierres tombales furent saccagés : (Voir encart : L’outrage fait aux sépultures). Seul vestige rescapé, le célèbre tombeau de Philippe Pot, exclu de la vente comme bien national, est aujourd’hui visible au musée du Louvre.

[modifier] Dom François Trouvé, dernier abbé de l’Ancien Régime

Fils du président du grenier à sel de Champagne-sur-Vingeanne, dom François Trouvé naquit en ce lieu en 1711. Après avoir quitté Cîteaux, François Trouvé se retira chez son neveu Barthélemy Trouvé à Vosne-Romanée. C’est là qu’il trouva la mort le 26 avril 1797. Ancien moine de Cîteaux et alors qu’il était prieur de l’abbaye de la Clarté Dieu, il fut élu le 25 novembre 1748, à l’âge de trente-sept ans abbé de Cîteaux par les religieux de l’abbaye ayant droit au vote, et 45 prieurs ou abbés de l’Ordre.

Martine Plouvier dans le chapitre « Un chantier permanent[42] » nous livre des témoignages de contemporains de François Trouvé, repris ci-après, qui laissent entrevoir un personnage contrasté. Parmi les qualités reconnues par ses proches et les anciens de Vosne-Romanée, l’abbé dom F. Trouvé était décrit comme un homme charmant et d’une grande bonté. Mais, comme L.B. Baudot l’a écrit[43], reprenant les propos de Dom Deprenier, gouverneur du Petit-Cîteaux, s'il « avait de l’esprit et beaucoup de facilités pour faire un abbé illustre », « ces qualités n’avaient aucun effet à cause de son amour pour l’intérêt et le despotisme ». Selon l’abbé Piot, curé de Corcelles-lès-Cîteaux, c’était « un homme au port noble, au jugement exquis, maniant bien la parole, […] économe jusqu’à la lésinerie dans sa maison, grand dans l’appareil, soit dans les repas publics qu’il a donnés au prince de Condé lors des États tenus à Dijon, lors des chapitres ou dans d’autres occasions. »

Un religieux de la maison rapportait qu’après son élection, F. Trouvé fut pris de la crainte d’être empoisonné, comme cela est arrivé en 1671 à dom Jean Petit, l’un de ses prédécesseurs, au moment des querelles de la réforme, et qu’il prit longtemps du contrepoison.

D’autres propos ou témoignages nous dévoilent une facette plus inquiétante du personnage. Une lettre du nonce[44] à Rome du 4 novembre 1771 parle de lui en ces termes : « Il conviendrait de réprimer l’insolence de l’abbé Dom Trouvé que tous regardent comme un mauvais sujet, dilapidateur des biens de l’Ordre. Il en a été plusieurs fois question comme je l’ai appris et dans le conseil on a fait des vœux ardents mais l’argent qu’il a semé et le vin excellent dont il a régalé, lui ont procuré à la Cour des protecteurs suffisants ». Les journaux révolutionnaires de l’époque qui révélèrent qu’il fit enfermer en 1783 Dom Patouillot pendant 18 mois dans une cage de bois de 2, 60 m nous le montrent sous un jour impitoyable et cruel[45].

Les mauvais traitements[46] de moines à la forte personnalité pouvant menacer l’autorité de l’abbé ne sont pas des cas si isolés. Aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, il y eut Dom Duchemin enlevé, Dom Larcher mis en prison, et Dom Cotheret exilé.

Enfin, l’abbé Piot reconnaît qu’il avait du mal à gouverner une communauté très indisciplinée qui comptait à cette époque 51 religieux, dont 27 prêtres, 13 non prêtres et 11 convers.

[modifier] L'abbaye pendant la Révolution française

Le lieutenant Napoléon Bonaparte à Cîteaux ?

Louis-Bénigne Baudot, (12 mars 1765 – Pagny (C.O.) † 25 décembre 1844), fut un observateur direct et attentif des événements qui se déroulèrent à Cîteaux, avec Jean-Baptiste Peincedé, l’archiviste du département. Il nous laisse une correspondance datée du 28 janvier 1843, adressée à un abbé du monastère d’Aiguebelle, dans laquelle il relate les circonstances dans lesquelles il fut mis en possession du crâne de l’abbé Guy de Paré (ou Paray) et la manière dont il arriva à soustraire son larcin à la sagacité de Bonaparte, alors lieutenant en second dans le régiment de La Fère. « […] Il fallait pour sortir de la première enceinte du monastère passer devant un corps de garde placé dans une loge de portier habitée alors par une compagnie de canonniers venue d’Auxonne et commandée par Napoléon Buonaparte, afin d’arrêter les vols qui se commettaient sans cesse pendant la vente publique que l’on faisait du mobilier. Cependant M. l’archiviste et moi, ayant mon chapeau sous mon bras, nous sortîmes de cette première enceinte sans que l’œil pénétrant de Buonaparte ne soupçonna (sic) rien de mon espèce de larcin, malgré qu’il fut (sic) alors sur la porte de son poste […]'. »

BM Dijon, ms. 2304, Louis-Bénigne Baudot, Abbaye de Cîteaux.



Ce document pourrait être versé au dossier de la controverse développée afin de savoir si Bonaparte était ou non présent à Cîteaux lors de la révolte des moines. La date retenue pour fixer son départ d’Auxonne lors de son deuxième séjour est le 15 juin 1791. L.B. Baudot date du 12 juin 1791 sa rencontre avec Bonaparte à Cîteaux.

Abbaye de Cîteaux La bibliothèque du XVIe siècle. Classée monument historique
Abbaye de Cîteaux La bibliothèque du XVIe siècle. Classée monument historique

Dans la situation tumultueuse qu’installait la Révolution, Talleyrand, évêque d’Autun, député aux États Généraux, membre du Comité de Constitution de l'Assemblée Nationale, donna le 10 octobre 1789 sa « Motion sur la nationalisation des biens ecclésiastiques ». Cette proposition, qui fut adoptée par les députés le 2 novembre 1789, mit tous les biens ecclésiastiques à la disposition de la nation française. Le 13 février 1790 sonna l’heure de la chute ; l’Assemblée décréta l'abolition des congrégations et ordres religieux, et ordonna de procéder à la vérification des comptes de toutes les maisons religieuses.

À Cîteaux, le climat interne devint aussi tumultueux que celui qui régnait dans le monde extérieur. Les relations entre les religieux et Dom Trouvé, à l’autorité déjà fortement contestée, se tendirent. Les moines se réunirent au chapitre et exigèrent de l’abbé, afin de garantir leurs droits, qu’il rendît ses comptes et qu’il présentât l’inventaire exigé par le décret. Dom Trouvé leur opposa un refus. La révolte gronda parmi les moines à Cîteaux. Le 20 avril, il fallut l’intervention du gouverneur de Bourgogne, de Bourbon-Busset, pour rétablir la paix. Le 24 avril, les moines décidèrent de faire appel à des avocats de Dijon pour faire répondre dom Trouvé de la vente de mobilier, bétail et linge qu’il aurait effectuée en secret.

« Les religieux ne le reconnaissaient plus comme supérieur et voulaient s’emparer de tout. Certains religieux avaient même essayé de soustraire les objets précieux en démolissant la voûte du trésor[47] ». « L’abbaye était en état de guerre[48]».

Le 1er mai 1790, un détachement de quatorze artilleurs du Régiment de La Fère en garnison à Auxonne, envoyé sur décision du Directoire du District, arriva sur place pour rétablir et maintenir l’ordre.

Les 2 et 3 mai 1790, les religieux furent invités à faire part de leur choix entre le maintien à la vie commune ou le retour à la vie privée : sur les quarante-cinq religieux recensés, (auxquels il faut ajouter 7 convers), trente et un religieux optèrent pour la vie privée et 14 pour la vie commune.

Le 4 mai 1790, dom Trouvé, face à cette révolte, préféra quitter Cîteaux pour l’abbaye de La Bussière. Lorsque le 15 octobre, il voulut reparaître au monastère, craignant pour sa sécurité, il se fit accompagner de deux commissaires du district. Du 4 au 15 mai eut lieu un ensemble d’inventaires. Le 8 septembre 1790, les moines se livrèrent au pillage des objets précieux que les commissaires du district avaient entreposés. Le 12, jour où éclata une querelle entre les moines, arrivèrent les commissaires chargés de faire l’inventaire des objets volés. Les estimations et ventes de matériels divers eurent lieu les 10 septembre, 15 octobre, 7 et 28 décembre 1790.

À la veille de la vente du 24 janvier 1791 concernant 207 instruments aratoires, un nouveau recensement dénombra 15 religieux et 5 convers, tous quittèrent Cîteaux autour du 10 mai 1791. Les bâtiments et seulement 800 hectares de terre, non compris mobilier et objets précieux furent estimés les 24 février et 13 mars 1791 pour une somme de 482 000 livres.

Les 10 353 volumes qui trouvaient place dans la bibliothèque furent enlevés les 29, 30 avril, puis les 3 et 6 mai 1791 dans quatorze voitures chargées avec l’aide des canonniers de La Fère, — parmi lesquels, d’après le témoignage de L.B. Baudot, se trouvait peut-être le lieutenant Bonaparte — pour être déposés dans la salle des Festins, (aujourd’hui salle de Flore au Palais des États de Dijon), lieu de dépôt des livres nationaux du district[49].

Le 4 mai 1791, Cîteaux fut acquis par la société formée à dessein par les nommés Duleu, Dardelin, Bossinot, Latey et Gentils de Dijon contre la somme de 862 000 livres, mais la société fut rapidement déclarée en faillite.

Le 31 mai 1791, Jean-François-Xavier Fromme d’Amance, tuteur onéraire des trois petits-enfants[50] de Philippe-Guillaume Tavernier de Boullongne (1712-1791), (connu sous le nom de Boullongne de Magnanville) fut mis en possession de l’abbaye pour le compte des enfants. Il fit aussitôt commencer la démolition systématique des bâtiments pour tirer parti des matériaux. L’orgue, qui datait de l'abbatiat de Jean IX Loysier (1540-1559) et qui était placé au-dessus de la grande porte d'entrée de l'église, connut aussitôt un sort funeste : l’étain fut vendu et le buffet utilisé comme bois de chauffage.

[modifier] Liste des abbés de Cîteaux de 1098 à 1797

[modifier] L’abbaye livrée au profane

[modifier] Le temps des Boullongne

Les enfants Boullongne conservèrent quelques bâtiments. Il leur fallait tenir une noble vie à Cîteaux et comme l’abbatiale que fit construire Dom Trouvé répondait à ce besoin, elle échappa au marteau destructeur. Elle devint le château d'Herminie de Boullongne. Mariée en 1792 à Bernard-François de Chauvelin[54], ce dernier se trouva, par sa femme, propriétaire de cet imposant complexe qu’il convertit en demeure prestigieuse appelée le château de Cîteaux. À côté du château, Chauvelin fit encore construire en 1814 une grande orangerie.

La bibliothèque du XVIe siècle perdit la moitié de ses voûtes lors de sa transformation en 1804 en un théâtre de 500 places. Le bâtiment du définitoire, édifié sous l’abbatiat de Dom Jean Petit (1685) et achevé en 1699, fut transformé en sucrerie entre 1824 et 1839 ; elle reçut les honneurs d’une visite de Casimir Périer en 1829.

L’entente entre les trois enfants Boullongne ne dura pas. L’an VI (1797-1798), un premier partage mit la fille cadette, émigrée, hors de la propriété. En l’An X (1801-1802), Auguste et Herminie Tavernier, malgré la signature d’accords concernant l’indivision, se mirent à se faire des procès qui s’étirèrent sur plus de trente années. Après 1832, elle parvint à se défaire de l’indivision et son frère dut se contenter du domaine séparé de La Forgeotte. Après la mort sans postérité de Chauvelin, son mari, devenue seule propriétaire du domaine elle décida en 1841 de s’en séparer et chercha un acheteur.

[modifier] Le rêve fouriériste

Le 7 septembre 1841 Herminie Félicianne Tavernier de Boullongne remit les clés de sa propriété de Cîteaux à Arthur Young, un commerçant anglais. Le nouveau propriétaire dut débourser la somme de 1 500 000 francs pour devenir le maître du domaine. Riche idéaliste, totalement converti à la doctrine de Charles Fourier et aux idées sociales et généreuses qu’elle développe, il ne fit l’acquisition de Cîteaux que dans l’intention de mettre en application, en grandeur nature, une communauté sociétaire qu’il dirigerait et qui fonctionnerait selon les principes fouriéristes de son maître à penser.

Malgré le scepticisme, la méfiance, l’inquiétude, les difficultés rencontrées autour de lui, et la surveillance dont il fit l’objet, Young parvint néanmoins à donner vie à son projet et à « créer une société dans la société », qui porta le nom de Le phalanstère. Sa réalisation n’emporta pas le succès qu’il en escomptait. Loin s’en faut : sur les 600 personnes qu’il attendait, il n’en accueillit tout au plus 167 personnes au début de 1843.

Le modèle économique de sa société, tel qu’il l’envisageait selon les idées de Fourier, s’avérait non viable, et les difficultés financières ne tardèrent pas à se faire sentir. Fin 1845, Young était menacé d’une prochaine licitation judiciaire. En mai 1846, la débâcle prononcée amena la mise en vente sur saisie du domaine à la demande de deux débiteurs, dont Herminie Tavernier de Boullongne, qui n’avait pas dû recevoir le produit de la vente de 1841.

[modifier] La colonie pénitentiaire du père Rey

Le 25 juin 1846, Joseph Rey, supérieur des Frères de Saint-Joseph, devint le nouveau propriétaire de 300 hectares de Cîteaux et des bâtiments. L’ambition du Père Rey à vouloir fonder une colonie sur les terres de Cîteaux l’avait porté à faire cette acquisition. Le retour d’une vie ecclésiastique à Cîteaux faisait la joie du curé du village voisin de Prémeaux, qui ne s’en est pas caché[55].

L’abbé, confronté à Lyon aux problèmes sociaux de pauvreté et à l’état d’abandon dans lequel se trouvaient certains enfants, se sentait investi de la mission de leur venir en aide, de reprendre leur éducation pour en faire des « citoyens utiles ».

Trop heureux de trouver dans la formule proposée par le père Rey une solution médiane entre le tout répressif et une coupable mansuétude devant la délinquance des enfants, les pouvoirs publics choisirent d’aider le père Rey dans son entreprise de création d’une colonie agricole pénitentiaire pour enfants. Ils lui accordèrent une aide financière pour chacun des jeunes gens recueillis, qui permit à la colonie de subsister. Délinquants, orphelins vagabonds y trouvèrent leur place. Le nombre des pensionnaires accueillis, bien que variable selon les années, atteignit le nombre de 863 en 1874, l’année de la mort du père Rey.

Les méthodes éducatives s’apparentaient aux méthodes militaires : discipline, ordre, travail, mais respect des jeunes, reconnaissance et récompense.

Bâtiments et autres constructions nécessaires à leurs activités furent construits ou adaptés avec les moyens limités dont ils disposaient. Le plus gros chantier, auquel le père Rey décida de s’atteler, fut celui d’élever une nouvelle église, qui prit sa place au sein de la colonie en 1861.

Puis le contexte politique changea et devint défavorable à la cause cléricale. Des articles parus en 1888 dans un journal lyonnais anticlérical créèrent un climat lourdement hostile, provoquant en septembre 1888 le retrait de la reconnaissance d’utilité publique à la Société des frères de Saint-Joseph, ce qui entraîna le rapide déclin, puis la chute de la colonie. Le domaine de Cîteaux, abandonné de ses occupants, allait passer dans les mains de l’État.

[modifier] La résurrection de l’abbaye

Abbaye de Cîteaux Intérieur de l'église inaugurée le 21 mars 1998. Architecte Denis Ouaillarbourou
Abbaye de Cîteaux Intérieur de l'église inaugurée le 21 mars 1998. Architecte Denis Ouaillarbourou

En 1895, alors que la colonie installée par le père Rey approchait de son terme, (la suppression légale de la Société des frères de Saint-Joseph qui la faisait vivre fut prononcée en 1888), Dom Sébastien Wyart, alors abbé de Sept-Fons, et Frédéric Oury, évêque de Dijon, nourrirent le dessein de restaurer la vie spirituelle de Cîteaux.

Le 22 août 1898, madame Marie de Rochefort[56] devint la propriétaire du domaine et de ses dépendances qu’elle acheta à la Société de Saint-Joseph[57] pour une somme de 800 000 francs, dans le but d’y réinstaller les cisterciens, moyennant une rétribution annuelle. Elle le loua aussitôt par un bail notarié du 25 octobre 1898 pour 18 ans, contre une rétribution annuelle de 28 000 francs[58] aux cisterciens-trappistes.

L’Ordre des Cisterciens Réformés de Notre-Dame de la Trappe voyait ses vœux comblés, la vieille abbaye allait retrouver une vie spirituelle.

[modifier] Une refondation laborieuse

Dès le 2 octobre 1898, les premiers moines pionniers, au nombre de quatre, arrivèrent de Sept-Fons, et le 9 février suivant eut lieu l’élection abbatiale. Dom Sébastien Wyart devint abbé général. Il le restera jusqu’au 18 août 1904. Stalles et jubé furent rapidement mis en place dans l’église du père Rey, pour y permettre l’exercice de la vie spirituelle. Le 12 septembre de la même année, la nouvelle communauté y chantait la messe.

L’état du temporel de l’abbaye trouvé par les nouveaux arrivants allait exiger la mobilisation de toute leur énergie. La désolation était partout : l’ancienne église Saint-Nicolas convertie en vacherie, le définitoire incendié, la bibliothèque de 1509 à demi détruite.

Les premières années furent particulièrement laborieuses. La communauté d’une trentaine de membres, formée d’éléments hétérogènes, n’était pas soudée et sa direction se révéla si délicate que le père supérieur, Stanislas Biesse, préféra quitter Cîteaux le 2 août 1899. La lourde charge de la refondation de Cîteaux revint à l’abbé auxiliaire, le père Robert Lescand. Il arriva à Cîteaux le 6 septembre 1899.

En 1913, l’abbaye comptait environ vingt-cinq personnes, moines et convers, et faisait face à des sérieuses difficultés financières, qui la contraignirent à mettre en vente 258 ha du domaine sur les 375 ha dont elle disposait depuis sa réinstallation.

Vinrent ensuite les réquisitions de la guerre de 1914-1918, qui réduisirent la communauté à une vingtaine de moines. Une partie des bâtiments de l’abbaye fut offerte par le père supérieur, pour y installer un hôpital militaire d’une capacité d’environ 1000 lits.

En 1921, la communauté retrouva un effectif de 32 personnes.

[modifier] L’abbaye prend son essor

Sous la direction du père Fabien Dütter, la restauration du monastère alla bon train. Les bâtiments inutiles furent démolis, on aménagea, on modernisa : le presbytère, l’hôtellerie, la buanderie, l’étable pour plus de quatre-vingts bêtes, une nouvelle fromagerie, le jardin. Mais l’effectif de la communauté ne s’accrut pas pour autant.

Il fallut attendre les premières années de la direction de l’abbaye par le père Godefroid Bélorgey (1932-1952), pour que la communauté connût un accroissement notable des effectifs avec une importante arrivée de novices. Si la pauvreté régnait encore, un effort fut fait pour améliorer le confort des moines. L’abbaye, qui compta 88 moines, convers et novices à la veille de la guerre 1939-1940, vit une quarantaine de ses membres mobilisés pour le conflit, et ses locaux servirent d'hôpital militaire aux Allemands, qui s’installèrent dans l’hôtellerie.

La période de 1899 à 1963 vit se succéder six abbés généraux[59] et quatre abbés auxiliaires, supérieurs de Cîteaux.[60]. Le 15 janvier 1963, faisant suite à une demande du Chapitre Général de 1962, le pape concéda un indult modifiant le statut de Cîteaux. Ce document donna le droit à la communauté de Cîteaux d’élire son abbé, comme dans tous les autres monastères. Cet abbé porta désormais le titre d’abbé de Cîteaux et l’abbé général reçut le titre honorifique d’archi-abbé de Cîteaux[61].

L’église construite en 1861, héritée de la colonie du père Rey, fut l’objet d’une rénovation et elle reçut la consécration de l’évêque de Dijon le 17 octobre 1970.

Vingt-cinq ans plus tard, sous l’abbatiat de Dom Olivier Quenardel, l’église rénovée en 1970 se révéla inadaptée à la prière monastique, cela d’autant plus qu’elle devait être ouverte aux fidèles ; un double accès apparut indispensable. Pour y remédier, la communauté confia à l’architecte Denis Ouaillarbourou la tâche de construire une nouvelle église monastique. Le chantier commença en mai 1997 et l’inauguration de la nouvelle église eut lieu le 21 mars 1998, jour anniversaire de la fondation de l’abbaye[62].

L’abbaye a conservé trois bâtiments de la période ancienne. Le plus ancien, la bibliothèque achevée en 1509, voûtée d’ogives[63]. Le bâtiment dénommé « définitoire », voûté d’arêtes qui comprend plusieurs salles dont une grande à colonnes centrales, et le dortoir à l’étage et enfin le dernier bâtiment, dit bâtiment Lenoir achevé en 1771[64].

Pour faire connaître la tradition cistercienne, son histoire et sa réalité actuelle, les visites sont autorisées.

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

 : Source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir.), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998.
  • Jean Marilier, Chartes et documents concernant l’abbaye de Cîteaux, Rome, 1961, (Bibliotheca cisterciensis).
  • Jean Marilier, Histoire de l'Église en Bourgogne, Les Éditions du Bien Public, 1991.
  • Jean Marilier, Catalogue des abbés de Cîteaux pour le XIIe siècle, 1948.
  • Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et des Belles Lettres, 1736.
  • Benoît Chauvin, (article de synthèse) Cîteaux, nature sauvage, nature maîtrisée. Catalogue d'exposition, Musée de Nuits Saint Georges, 1998.
  • Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l’Histoire de Cîteaux Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997.
  • John-Henry Newman, Raymond Oursel, Léo Moulin, L'Europe des monastères, Zodiaque, 1946, (1985 pour l'édition française).
  • Terryl Nancy Kinder, L'Europe cistercienne, traduit de l'Anglais par Divina Cabo, Zodiaque, 1997.
  • Maurice Chaume, Les anciens vicomte de Beaune et la fondation de Cîteaux, Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1923.
  • Claude Courtépée et Edme Beguillet, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, 1775-1788.
  • Robert Folz, Le problème des origines de Cîteaux, Mélanges saint Bernard, XXIVe Congrès de l'Association bourguignonne des sociétés savantes, Dijon, 1953.
  • Jean Richard, Cîteaux vu à travers ses archives, Mémoires de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, Dijon, 1943-1946.
  • A. Quillot, Conduite du Centfond à Cîteaux, Bulletin d'histoire et d'archéologie religieuse du diocèse de Dijon, t. 4 , 1886.
  • G. Vauthier, Arthur Young et la colonie sociétaire de Cîteaux, 1841-1844, La révolution de 1848, t. 23, 1927.

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Abbaye de Cîteaux.

[modifier] Notes et références

  1. Vers 1120, le nom de « Nouveau Monastère » cède la place à celui de Cîteaux. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 15.
  2. Selon Jean Marilier, (Chartes et documents concernant l’abbaye de Cîteaux (1098-1182), Bibliotheca Cirterciensis, Rome, 1961, acte 4), Robert arrive à cet endroit au cours de l’été 1098 et ce n’est que par la suite que la date de fondation fut placée au 21 mars 1098. Ce déplacement est mentionné dans une inscription citée par Jean Marilier et il est indiqué dans l’article de Karine Berthier Les aménagements hydrauliques de l’abbaye, p. 67 r. 9 de l'ouvrage Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Citeaux,
  3. Jean Marilier, Histoire de l'Église en Bourgogne, Éditions du Bien Public, 1991, p.82.
  4. Le Grand Exorde (l’Exordium Magnum) ou Récit des débuts de l’Ordre cistercien , texte en partie légendaire, rédigé sans doute dans les dernières années du XIIe siècle par Conrad, moine de Clairvaux, devenu abbé d'Eberbach, raconte la fondation de Cîteaux en ces termes : « l’an 1098 de l’incarnation du Seigneur, Dom Robert … et avec lui les religieux sortirent de Molesme et se dirigèrent vers le lieu qu’ils avaient jugé convenable. C’était un désert du nom de Cîteaux… Ainsi le douzième jour avant les calendes d’avril (21 mars 1098, le dimanche des Rameaux), prit naissance le monastère de Cîteaux et par la suite l’Ordre qui porte ce nom ». Deux autres manuscrits apportent des connaissances sur l’origine de Cîteaux : l’Exordium Cistercii , qui aurait été écrit aux environs de 1130 et l’Exordium Parvum (Le Petit Exorde), d’auteur inconnu, et dont l’origine serait un peu plus tardive. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, p. 129, r. 22 et r. 26.
  5. L’abbaye est située à proximité d’une voie antique, désignée comme la Strata publica salinaria, ou voie salinière, qui devait joindre la grande route de Beaune à Dijon aux gisements de sel du Jura. Cette voie serait l’actuelle D 116. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998. Article d'Alain Saint-Denis, L'évolution du paysage autour de l'abbaye, p. 54 et 59 r. 63, et article de Karine Berthier Les aménagements hydrauliques de l'abbaye, p. 69, r. 14.
  6. Courtépée et Béguillet, Histoire générale et particulière du Duché de Bourgogne t. 1, p. 145 et 146.
  7. Dom Martene et Dom Durand, Voyage littéraire de deux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, Paris, 1717-1724. Selon une inscription présente dans l’abbaye de Cîteaux au XVIIIe siècle. « [...] un précédent monastère d’à peine une demi-lieue d’ici, et furent obligés de quitter à cause du manque d’eau, alors qu’ils la voyaient couler d’abondance ». Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Karine Berthier : Les aménagements hydrauliques de l'abbaye, p. 67, r.13.
  8. C’est à Albéric qu’on doit l'institution des frères convers, « pour leur donner le temps d’entremêler, au travail prescrit par le législateur, le chant régulier de l’office divin ».
  9. ab Le R.P. Othon Ducourneau et M. le chanoine Marilier donnent la date du 26 janvier 1108. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 5 & 14.
  10. Robert ne resta qu’un an à Cîteaux avant de reprendre le chemin de Molesme : il y eut une convocation d'un synode à Port-d'Ancelle en juin 1099 où il est décidé le retour de l'abbé à Molesmes. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 14.
  11. C’est dans cette chapelle que Bernard y reçut la coule en 1114 et que les abbés Albéric et Étienne Harding furent enterrés jusqu’au transfert de leurs restes en 1533. Cette chapelle survécut jusqu’à la Révolution. Elle fut détruite en 1791. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier : L'abbaye médiévale, p. 142.
  12. Étienne Harding, qui ne voulait pas que simplicité fût confondue avec indigence, « entreprend de faire copier et enluminer une bible monumentale en deux volumes ; en 1109, dans son célèbre Monitum, qui termine le premier volume, il déclare avec quel soin il a fait établir le texte biblique, en prenant plusieurs exemplaires pour modèles et en demandant aussi l'avis de rabbins ». Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Marie-Françoise Damongeot, La bibliothèque de l'abbaye au Moyen-Âge, p. 227.
    En fin de l'année 1119, on termine au Nouveau Monastère la fameuse bible dite de Saint-Étienne qui, peut-être, avait été commencée avant le départ de Molesmes. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 15.
  13. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier, L'abbaye médiévale p. 130.
  14. En 1116, entre 1116 et 1120, au plus tard. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 15.
  15. Calixte II confirma aussi l'Exordium cistercii par sa bulle Ad hoc in apostolici. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 15.
  16. L'abbé de Cîteaux, de tous les abbés de l'Ordre, possède seul le droit de présider le chapitre général. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 15.
  17. Les quatre Premiers Pères, terme souvent employés, sont les abbés des quatre premières filles de Cîteaux : La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 11.
  18. « Assemblée de supérieurs majeurs de l'Ordre destinée à en assurer la bonne marche et la cohésion au niveau mondial ». Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 11.
  19. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 15.
  20. Aux XIIe siècle et XIIIe siècle le nombre de capitulants aurait pu être de l’ordre de trois cents. Le nombre de 600 participants dut être atteint en comptant maîtres et familiers en 1605, 400 en 1609, 200 en 1667. Pour l'année 1699, le détail suivant est donné dans l’article de Martine Plouvier : 116 maîtres, 187 familiers et 240 chevaux, et enfin pour 1738 : 130 maîtres, 160 familiers et 180 chevaux. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, p. 166. Martine Plouvier cite ses sources : AD Côte d'or, 11 H 1164
  21. Il n’y eut aucun abbé étranger. On y compta 20 abbés et 6 prieurs titulaires. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, Article de Martine Plouvier Un chantier permanent, p. 167, r. 1 dit ceci : « Le dernier Chapitre qui se tint en 1786 ne peut être qualifié de général : à l'exception de l'abbé de Tamié venant de Savoie, il n'y eut aucun abbé étranger ; outre l'abbé de Cîteaux et les quatre premiers pères, on compta 20 abbés et 6 prieurs titulaires. »
  22. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, Article de Martine Plouvier L'abbaye médiévale, p. 133.
  23. « La guerre des Observances, qui commence au début du XVIIe siècle, a consisté uniquement en ce qu'une partie de l'Ordre désirait revenir à une Observance plus stricte de la Règle ; alors que l'autre partie dudit Ordre désirait cette même Observance, mais vécue d'une façon plus souple. C'est la crainte d'un schisme dans l'Ordre qui provoqua d'un côté comme de l'autre de violentes réactions ». Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 11.
  24. ab Voulant se débarrasser à tout prix de La Rochefoucauld, les premiers supérieurs de l'Ordre font appel au cardinal de Richelieu, lui déclarant qu'« ils aimaient mieux être fouettés par son Éminence que caressés par La Rochefoucauld ». Ils le supplient de s'appliquer au règlement de leur Ordre et d'accepter le titre de « chef d'ordre ». Sœur Marie-Noël précise : « On propose à Richelieu un titre qui n'est pas exactement celui de « chef d'ordre », (ce qui n'a jamais existé), mais celui de « cardinal-protecteur de l'Ordre », institution qui remonte au XIIIe siècle ». Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Précision de sœur Marie-Noël, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 38, et Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre L'accueil du chapitre général au Moyen-Âge de Thomas Coomans, p. 157 r. 17.
  25. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier, L'abbaye médiévale p. 132. Martine Plouvier cite ses sources (p. 133 r. 45) : AD Aube, fonds Clairvaux, 3 H 44.
  26. Philippe Testard-Vaillant, Agriculture, des travaux en bonne règle, les cahiers de Science & Vie, n°78, décembre 2003 : Xe-XIIe siècle : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 55.
  27. La Bible regorge de textes relatifs au vin, au vignoble, au pressoir, au vigneron, pratiquement tous élogieux et positifs. Les mises en garde contre le vin sont l’exception. Citons : « Le vin et les femmes pervertissent les hommes sensés ». (Si 19,2), mais l’avertissement s’adresse au moins autant aux femmes qu’au vin. Le plus souvent ce sont les excès qui sont condamnés. John-Henry Newman, L’Europe des monastères, chapitre de Léo Moulin, Zodiaque, 1946, 1985 pour l’édition française
  28. Philippe Testard-Vaillant, Crus de légende ou légendes de crus, les Cahiers de Science & Vie, n°78, décembre 2003 : Xe-XIIe siècle : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 63.
  29. Claude Chapuis Cahiers du CEREN 13 (2005), Le Clos de Tart, Le Patrimoine viticole des Dames de Tart, p. 32.
  30. abcd Emmanuel Monnier, Des cours d'eau sous bonne conduite, les Cahiers de Science & Vie, n°78, décembre 2003 : Xe-XIIe siècle : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 70.
  31. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier. Les aménagements hydrauliques de l'abbaye, p. 66 et Joséphine Rouillard, L'hydraulique cistercienne, histoire Médiévale thématique n°12 : Les cisterciens, Février-Mars-Avril 2008, p.12.
  32. Joséphine Rouillard, L'hydraulique cistercienne, histoire Médiévale thématique n°12: Les cisterciens, Février-Mars-Avril 2008, p.13
  33. Philippe Testard-Vaillant, Des moulins en série, les Cahiers de Science & Vie, n°78, décembre 2003 : Xe-XIIe siècle : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 66.
  34. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, Préface de Dom Olivier Quenardel, abbé de Cîteaux, p. 12.
  35. Selon cet article, un arpent vaut un acre français, valant 5 107 m2. 945 arpents représentent donc près de 500 hectares
  36. Le premier témoignage d’un système organisé de signes visuels remonte à la fondation de Cluny. Saint Odon (879-942) imposa d’utiliser des gestes pour quasiment tous les échanges. Une liste de 296 signes fut d’ailleurs établie par un moine de Cluny nommé Bernard.
  37. John-Henry Newman, L’Europe des monastères, chapitre de Léo Moulin, Zodiaque, 1946, 1985 pour l’édition française
  38. John-Henry Newman, L’Europe des monastères, chapitre de Léo Moulin, Zodiaque, 1946, 1985 pour l’édition française
  39. Alix de Vergy (vers 11761252). Deuxième épouse de Eudes III de Bourgogne
  40. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Marie-Françoise Damongeot et Martine Plouvier Cîteaux-nécropole : la « saint-Denis bourguignonne », p. 285 & 286.
  41. Voir Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et des Belles Lettres, T. 9, Paris, 1736, p. 193-232, 9 fig., pour une Description Historique des principaux monuments de l'abbaye de Cîteaux et des épitaphes des tombeaux de l'abbaye, par Philibert-Bernard Moreau de Montour. La description donnée dans ce document est la description des tombeaux dans la situation avant la Révolution.
  42. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, p. 179.
  43. Baudot, vol. éloge de Cirey, f° 305 sq. Cité par Martine Plouvier, Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, p. 179 r. 17.
  44. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier, Un chantier permanent, p. 180.
  45. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier, Un chantier permanent, p. 180.
  46. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Speranza, La bibliothèque sous l’ancien Régime, p. 263, r. 69, Martine Speranza cite ses sources : Arch. Abbaye de Cîteaux, Louis-Bénigne Baudot, ms. Cîteaux-Molaise, p. 86-89.
  47. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier, Un chantier permanent, p. 189.
  48. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier, Un chantier permanent, p. 189. Martine Plouvier cite ses sources : p. 189, r. 27 : AD Côte d’Or, Q 822 à Q 825.
  49. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Speranza, La bibliothèque sous l’Ancien Régime, p. 254.
  50. Jean-Baptiste Tavernier de Boullongne (1749-1794) (le fils de Philippe-Guillaume Tavernier de Boullongne — l’acquéreur de Cîteaux —), épousa en 1773 Louise-Jeanne Walckiers de Tronchienne (1755-1796). L’union ne dura guère, tout en produisant néanmoins trois enfants : Auguste (1773), Herminie (1775) qui se maria avec Chauvelin en 1792 et résida à Cîteaux et Juliette (1778).
  51. Liste des abbés établie d'après : Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, p. 397, Réalisé à partir de Canivez, Dom Cotheret, la Gallia Christiana, Lekai, Manrique, Marilier, Masoliver, et des renseignements collectés, en particulier au moment de l'étude des tombeaux.
  52. À noter que la liste des abbés reprise dans le tableau présente des divergences par rapport aux renseignements contenus dans le document de Frère Marcel Lebeau Chronologie de l'Histoire de Cîteaux. Ces divergences n'apparaissent pas dans la liste présentée ici.
  53. G.-L. Hémerel, L'énigme du Cardinal Jérome de la Soucgère, in "L'Auvergne Littéraire", pp.33-36, n°160, 3° trim. 1958.
  54. Né à Paris le 29 novembre 1766, décédé probablement à Cîteaux où il rentra début avril 1832, (le 8 ou 9), pour y mourir d’une atteinte du choléra contracté lors d’un séjour à Paris.
  55. « […] en abandonnant Cîteaux qu’ils avaient profané, les phalanstériens ne laissaient, comme souvenir de leur passage, que des décors du théâtre, installés par eux dans le bâtiment de la bibliothèque des moines, (affirmation erronée), quelques costumes d’histrions, et 35 masques grimaçants d’hommes… dont ils étudiaient les crânes d’après les lois de la phrénologie. Il fallait un homme de Dieu pour laver les outrages faits à l’antique abbaye et y faire refleurir les vertus du cloître. Cet homme, ce fut l’abbé Rey ». Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998. Article de Cécile Souchon Un nouveau monde pour Cîteaux p. 205.
  56. Veuve Bernon de la Rochetaillée, baronne de la Rochetaillée, demeurant au château de Contençon, commune de Saint-Just en Chevalet (Loire). Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Cécile Souchon Un nouveau monde pour Cîteaux, p. 222.
  57. D’une contenance de 382 ha 44a et 70 ca et du matériel d’exploitation. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Cécile Souchon Un nouveau monde pour Cîteaux, p. 223.
  58. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Cécile Souchon Un nouveau monde pour Cîteaux, p. 222.
  59. La liste est donnée par Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 63 : Dom Sébastien Wyart (9 février 1899 au 18 août 1904), Dom Augustin Marre (8 octobre 1904 au 18 septembre 1922), Dom Ollitrault de Keryvallan (13 décembre 1922 au 25 février 1929), Dom Herman-Joseph Smets (16 juillet 1929 au 4 janvier 1943), Dom Dominique Nogues (1er mai 1946 au 14 septembre 1951), Dom Gabriel Sortais (7 novembre 1951 au 15 janvier 1963).
  60. La liste est donnée par Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 63 : Dom Robert Lescand (6 novembre 1899 au 25 octobre 1923), Dom Fabien Dütter (25 octobre 1923 au 17 novembre 1932), Dom Godefroy Bélorgey (1er novembre 1932 au 9 novembre 1952), Dom Jean Chanut (16 novembre 1952 au 19 mars 1963).
  61. Frère Marcel Lebeau, Chronologie de l'Histoire de Cîteaux, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, 1997, p. 63.
  62. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Denis Ouaillarbourou, Martine Plouvier et f. Placide Vernet Une nouvelle église pour les moines de Cîteaux — 1998, pp. 371-372.
  63. Restaurée par E. Pallot, Architecte des Monuments historiques. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, chapitre d'Eric Pallot : La restauration de l'abbaye de Cîteaux, p. 333. Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998.
  64. Ces trois bâtiments ont été classés Monuments historiques le 28 décembre 1978. Martine Plouvier, Alain Saint-Denis (dir), Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, Cîteaux, commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998, chapitre de Martine Plouvier, Petite chronique d'une histoire monumentale, p. 14 et chapitre d'Eric Pallot La restauration de l'abbaye de Cîteaux p. 350.
La version du 2 juin 2008 de cet article a été reconnue comme « article de qualité » (comparer avec la version actuelle).
Pour toute information complémentaire, consulter sa page de discussion et le vote l’ayant promu.