Épistolière

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La marquise de Sévigné, l’archétype de l’épistolière.
La marquise de Sévigné, l’archétype de l’épistolière.

Une épistolière est une femme qui écrit des lettres.

Au cours du temps, nombre des correspondances rédigées par des femmes ont fait l’objet de publications. Certaines d’entre elles n’ignoraient pas la valeur littéraire accordées à ses missives que leurs destinataires faisaient quelquefois circuler. Certaines correspondances étaient, au contraire, strictement privées et leur valeur littéraire – et dans ce cas, historique – n’est apparue que lors de la redécouverte de ces lettres, quelquefois beaucoup de temps après la mort de leur auteure, comme pour Élisabeth Bégon dont la correspondance n’a été retrouvée qu’en 1932 dans les archives du Ministère de la Marine.

On s’accorde généralement à dire que ce qui caractérise les lettres émanant des épistolières est leur naturel. Ainsi Marie de Sévigné a incarné cette qualité au point d’être considérée comme l’archétype de l’épistolière et une écrivaine à part entière :

C’est cette précieuse collection qui semble influer sur la réputation de toutes les femmes :
car l’on répète sans cesse, depuis Madame de Sévigné, qu’elles écrivent mieux que les hommes
et qu’elles sentent plus délicatement qu’eux.
SUZANNE NECKER

Cependant lorsqu’en 1669, paraissent les célèbres Lettres portugaises présentées comme la traduction de cinq lettres envoyées par une religieuse portugaise à un officier français, celles-ci passeront longtemps pour d’authentiques lettres dues à Mariana Alcoforado avant d’être définitivement classées par la critique moderne comme une œuvre de fiction littéraire attribuées à Gabriel de Guilleragues.

La frontière entre le réel et la fiction s’estompe donc volontiers entre littérature et correspondance, surtout lorsque les romanciers feront de cette technique d’écriture un artifice littéraire qui sera le roman épistolaire, genre qui culminera au siècle des Lumières lorsque les écrivains tenteront de persuader leur lectorat qu’il a entre les mains une réelle correspondance, ce à quoi parviendra plus ou moins Rousseau avec la Nouvelle Héloïse.

[modifier] Quelques épistolières célèbres

[modifier] Références

  • L’épistolaire au féminin : correspondances de femmes, XVIIIe ‑ XXe siècle, Éd. Brigitte Diaz, Jürgen Siess, Caen, Presses universitaires de Caen, 2006 ISBN 2841332403
  • Marie-France Silver, Marie-Laure Girou-Swiderski, Femmes en toutes lettres : les épistolières du XVIIIe siècle, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 ISBN 0729407411
  • Josée Chomel, Philippe Chomel, Michel Cabaud, Madame de Sévigné à Grignan, une épistolière en Provence, Lyon, Aubanel, 1996 ISBN 2700602137
  • Lionel Duisit, Madame Du Deffand, épistolière, Genève, Droz, 1963
  • Daniel Des Brosses, La Palatine : l’incorrigible épistolière aux 60 000 lettres, Paris, France, 2004 ISBN 2913451209
  • Rodolphe Trouilleux, N’oubliez pas Iphigénie : biographie de la cantatrice et épistolière Sophie Arnould, 1740-1802, Grenoble, Alzieu, 1999 ISBN 2910717003
  • Sophie Marcotte, Gabrielle Roy épistolière, Ottawa, Bibliothèque nationale du Canada, 2003 ISBN 061269903X
  • Catherine Blondeau, Julie de Lespinasse épistolière, 1761-1776, Lille, A.N.R.T, Université de Lille III, 1994
  • Josette Chéry-Sobolewski, Madame Riccoboni épistolière, Paris, Université de Paris-Sorbonne, 1993
  • Mireille Bossis, Charles. A. Porter, L’épistolarité à travers les siècles : geste de communication et/ou geste d’écriture, Stuttgart, Franz Steiner, 1987

[modifier] Voir aussi