Édith Cresson

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Premier ministre de la
République française
Édith Cresson
Édith Cresson
12e Premier ministre de la Cinquième République
Parti politique Parti socialiste
Nommé le 15 mai 1991
Nommé par François Mitterrand
Mandat du 15 mai 1991
au 2 avril 1992
Prédécesseur Michel Rocard
Successeur Pierre Bérégovoy
Autres fonctions Ancienne ministre
Ancienne maire de Thuré et de Châtellerault, ancienne députée de la Vienne, ancienne conseillère générale
Ancienne commissaire européenne
Gouvernement Gouvernement Édith Cresson
Naissance 27 janvier 1934
Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Cinquième République
v · d · m

Édith Cresson (née Édith Campion le 27 janvier 1934 à Boulogne-Billancourt) est une femme politique française. Premier ministre de François Mitterrand du 15 mai 1991 au 2 avril 1992, c'est la seule femme à avoir accédé à ce poste en France. Elle a aussi exercé le mandat le plus court de la Cinquième République.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

née à Boulogne-sur-Seine, près de Paris, Édith Campion, fille d’un inspecteur des Finances, épouse en 1959 un cadre supérieur de l’industrie automobile, Jacques Cresson. Diplômée de l’École des hautes études commerciales-Jeunes filles (HEC-JF), titulaire d’un doctorat en démographie

Son père, Gabriel Campion (1896-1959), grand bourgeois de tendance gauche SFIO, est inspecteur des finances. Détaché à l'ambassade de France à Belgrade sous le régime de Vichy, il devient ensuite directeur des finances du Secours national puis président de la Société française de banque et de dépôts.

Elle a épousé Jacques Cresson, fils de médecin et directeur de l'exportation de Peugeot, avec qui elle a deux filles.

  • Diplômée d'HECJF (École de haut enseignement commercial pour jeunes filles)
  • Docteur en démographie.

[modifier] Début politique

  • Adhère en 1965 à la Convention des institutions républicaines.
  • elle adhère à la Convention des institutions républicaines en 1965 et est associée à la première campagne présidentielle de François Mitterrand. Elle suit ce dernier au Parti socialiste (PS) en 1971 et entre au secrétariat national en 1975.
  • De 1975 à 1981, elle est membre du comité directeur du parti socialiste.
  • secrétaire nationale du PS en 1974, chargée de la jeunesse et des étudiants; membre du comité directeur du PS 1974-1990;
  • En 1975, elle connaît son premier contact avec le suffrage universel. Elle se présente à Châtellerault contre le ministre de la coopération Pierre Abelin. Elle est battue de justesse.
  • Lors des élections municipales de 1977, elle est élue maire de Thuré (commune de la banlieue de Châtellerault). Un an plus tard, elle échoue lors d'une élection cantonale partielle, elle est victime d'un mauvais report de voix communistes. La même année, elle est battue aux législatives par Jean-Pierre Abelin mais elle le battra en 1981 et 1988. Lors de son passage au gouvernement elle renforce sa position locale, étant élue conseillère générale en 1982 (réélue en 1988 et 1994) puis maire de Châtellerault en 1983 (réélue en 1989 et 1995) où ses principaux collaborateurs seront Gilbert Guérineau, René Croiset et Dominique Mallay.

[modifier] Fonctions gouvernementales

  • Elle est la première femme à se voir confier le ministère de l'Agriculture dans le gouvernement Mauroy en 1981. Elle est très mal accueillie par la FNSEA dont les dirigeants considèrent que la nomination d'une femme témoigne du "mépris " à leur égard.Titulaire du portefeuille du Commerce extérieur et Tourisme (1983-1984), puis ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur (1984-1986), elle acquiert une connaissance approfondie du monde de l’entreprise et noue de nombreuses relations dans le monde très fermé des grands chefs d’entreprises
  • Réélue après les élections François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1988, elle est appelée au poste de ministre des Affaires européennes dans le gouvernement de Michel Rocard
  • Elle a démissionné du gouvernement Rocard, en raison de ses dissensions avec le Premier ministre.En désaccord avec la politique européenne de ce dernier, elle démissionne du gouvernement en octobre 1990 et prend alors la direction d’une filiale du groupe Schneider, confortant ainsi l’aspect assez atypique de son parcours par rapport à l’ensemble de la classe politique française, déjà perceptible par sa formation universitaire, étrangère au circuit des grandes écoles.
  • Elle doit en partie à cela sa nomination à la tête du gouvernement, outre son caractère inédit évident.


[modifier] L'épreuve de Matignon

  • Nommée le 15 mai 1991 à Matignon, elle devient la première femme Premier ministre en France. François Mitterrand souhaite ainsi donner une impulsion à la fin de son mandat, après trois années de Gouvernements Rocard. Le choix d’Edith Cresson surprend, elle n’était pas une figure influente du Parti socialiste.

Son discours de politique générale à l’Assemblée nationale fixe « l’objectif 1993 » : faire entrer la France dans la modernité et redonner au pays un rôle majeur en Europe. Les commentateurs trouvent la prestation ratée, fade, lisse. Edith Cresson expliquera plus tard qu’elle voulait ce jour là montrer qu’elle était un Premier ministre serein.

  • Son caractère impulsif lui vaut des mésaventures. En privé, elle aurait déclaré « la majorité des hommes [dans les pays anglo-saxons] sont homosexuels – peut-être pas la majorité – mais aux USA il y en a déjà 25 %, et au Royaume-Uni et en Allemagne c’est bien pareil. Vous ne pouvez pas imaginer ça dans l’histoire de France… Je considère qu’il s’agit d’une sorte de faiblesse. » En outre, face à un journaliste et alors qu’elle est au téléphone elle déclare « la bourse, j’en ai rien à cirer ». De plus, on lui prête des propos privés sur les japonais assimilés à des « fourmis jaunes ».

Elle doit alors faire face à la fois à la dureté de la presse et au machisme de la classe politique. Sa marionnette au Bebêe Show est présentée comme une lèche-botte du Président Mitterrand, parfois avec violence. Au sein même de son Gouvernement, elle doit essuyer les attaques de Pierre Bérégovoy (son ministre de l’Economie) qui se pense alors plus légitime qu’elle à ce poste.

  • En tant que Premier ministre, elle est à l'origine du transfert d’institutions publiques vers les Régions dont le plus emblématique est celui de l'École nationale d'administration (ENA) à Strasbourg pour rapprocher les élites française des institutions de l’Europe.

Elle a lancé un projet de modification du mode de scrutin sénatorial, en prenant de front les membres de la Haute Assemblée. Elle annonce vouloir mettre en avant la formation par alternance sur le modèle allemand mais se heurte à l’hostilité de son ministre de l’Education, Lionel Jospin.

Sa politique économique doit rester celle de Pierre Bérégovoy, indéboulonnable ministre depuis 1988. Elle se fonde sur une défense du franc et une rigueur économique. Le passage d’Edith Cresson à Matignon se fait au pire moment des Vingt Piteuses. La conjoncture économique est catastrophique : l’inflation est record à 3,3% en juillet 1991 et le nombre de chômeurs atteint le pic jusque là inégalé de 2,7 millions de demandeurs d’emploi en 1991.

  • Au niveau international, Edith Cresson est Premier ministre quand commence le mouvement d’indépendance en Yougoslavie. Les Républiques fédérées déclarent leur indépendance en 1991 et 1992. L’exécutif français doit alors se positionner : reconnaître ou non les nouveaux pays.

Sous son Gouvernement prend fin l’opération « Tempête du désert » dans le cadre de la seconde guerre du Golfe. Dix-neuf mille soldats français y sont engagés

En outre, Madame Cresson est à Matignon lors du coup d’Etat d’août 1991 en URSS et surtout le 25 décembre 1991, lors de l’implosion de l’URSS et la démission de Mikhaïl Gorbatchev. Le monde bipolaire prend fin, l’un des événements les plus marquants de l’Histoire moderne.

Enfin, c’est elle qui aux côtés de François Mitterrand signe le 7 février 1992 le traité de Maastricht prévoyant l’euro, la politique monétaire commune, la citoyenneté européenne, la politique de sécurité et la coopération judiciaire et policière.

  • Début avril 1992, les rumeurs sur son départ sont de plus en plus pressantes après l’hécatombe de la gauche aux élections régionales de mars 1992. Elle présente au président Mitterrand un plan pour un second Gouvernement, plus restreint et composé cette fois-ci de personnalités en qui elle pouvait faire confiance.

Le 2 avril 1992, François Mitterrand la remplace par Pierre Bérégovoy.

  • Edith Cresson est entrée dans l’Histoire comme la première femme à occuper ce poste. Elle reste encore aujourd’hui la femme ayant eu la plus haute responsabilité politique de ce pays. Son échec peut facilement s’expliquer par son comportement impulsif et dérangeant, la violence de la presse et de la classe politique, le manque de soutien de François Mitterrand et une conjoncture économique au plus mal.

Présentée par certains analystes comme une conséquence du conservatisme de la classe politique, l’échec d’Édith Cresson à la direction du gouvernement est sans doute tout autant imputable à l’erreur politique qui avait consisté à fonder le renouveau attendu, dans une période où les socialistes paraissaient victimes de l’usure du pouvoir, en premier lieu sur un effet d’annonce.


[modifier] La vie politique après Matignon

  • Elle ne se représente pas aux législatives en 1993 dans la Vienne. En décembre 1997, Lionel Jospin lui demande de quitter son mandat de maire pour cause de cumul des mandats avec celui de commissaire européen ; son premier adjoint Jöel Tondusson la remplace et elle devient adjointe au maire (elle sera réélue en 2001). Puis elle démissionnera du Conseil Général en 1998 - toujours pour cause de cumul des mandats.
  • Nommée à la Commission européenne, Édith Cresson a été chargée de la Science, de la Recherche et du Développement de janvier 1995 à septembre 1999 : elle s'occupe principalement des questions d'éducation, de formation et de recherche. Elle fut, quatre ans plus tard, à l'origine de la spectaculaire démission collective de cette instance, étant elle-même mise en cause et inculpée pour des affaires de corruption par la justice belge, qui prononcera par la suite un non-lieu.

Elle s'offusque de sa marionnette au Bébête Show, la panthère Amabotte. Son expérience a fait l'objet d'un livre d'Élisabeth Schemla, Édith Cresson la femme piégée.

Le 11 juillet 2006, la Cour de justice européenne a jugé, l'ancienne Premier ministre française coupable de favoritisme lorsqu'elle était commissaire européen. Elle a enfreint ses obligations de commissaire en engageant comme membre de son cabinet l'une de ses connaissances proches, René Berthelot, un chirurgien-dentiste. La Cour européenne l'a dispensée de toute sanction pécuniaire, alors que la Commission, demandait la suppression totale de ses droits à la retraite tandis que l'avocat général de la Cour prônait la réduction de moitié de ses émoluments et avantages.

Édith Cresson lors du Salon du Livre de Colmar le 25 novembre 2007
Édith Cresson lors du Salon du Livre de Colmar le 25 novembre 2007

En 2006, Édith Cresson s'engage dans le comité de soutien de Ségolène Royal et fait savoir son soutien à sa candidature pour l'investiture du PS à la présidentielle. Elle publie également un livre en novembre 2006, Histoires françaises, qui revient sur son expérience politique.

En mars 2008 lors des élections municipales, elle ne se représente pas.

[modifier] Carrière dans l'industrie

  • Ingénieur économiste dans divers cabinets d'études.
  • Après sa démission du gouvernement en 1990, Édith Cresson devient PDG d'une nouvelle filiale créée spécialement pour elle par Didier Pineau-Valencienne, Schneider Industrie Service International, spécialisée dans le conseil international.

[modifier] Mandats politiques

[modifier] Député européen

[modifier] Mandat de Député
  • députée PS de la Vienne élue en 1981 réélu en 1986 réélu en 1988

[modifier] Mandat Locaux

[modifier] Fonctions gouvernementales

[modifier] Fonctions au Parti socialiste
  • De 1975 à 1981, elle est membre du comité directeur du parti socialiste.
  • secrétaire nationale du PS en 1974, chargée de la jeunesse et des étudiants; membre du comité directeur du PS 1974-1990;

[modifier] Ouvrages

  • Histoires françaises, autobiographie aux Éditions du Rocher, 2006
  • Avec le soleil, Editions Jean-Claude Lattès, 1976
  • Innover ou subir, ouvrage politique aux éditions Flammarion, 25.09.1998


[modifier] Lien externe

[modifier] Chronologies

Précédée par Édith Cresson Suivie par
Pierre Méhaignerie
Ministre de l'Agriculture
1981-1983
Michel Rocard
Bernard Bosson
Ministre des Affaires Européennes
10 mai 1988 - 2 octobre 1990
Elisabeth Guigou
Michel Rocard
Premier ministre
15 mai 1991 - 31 mars 1992
Pierre Bérégovoy