Économie du Royaume-Uni

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Royaume-Uni
Indicateurs économiques
Statue du Lion devant le London City Hall
Monnaie Livre sterling
Année fiscale calendaire
Organisations internationales Union européenne, OCDE, OMC
Statistiques
Produit intérieur brut (parité nominale) 2.346 milliards $ (2006)1
Produit intérieur brut en PPA 1.928 milliards $ (2006)1
Rang pour le PIB en PPA 8e 2
Croissance du PIB 2,8 % (2006)1
PIB par habitant en PPA 31,800 $ (2006)1
PIB par secteur agriculture : 1,0 %
industrie : 25,6 %
services : 73,4 % (2006)1
Inflation (IPC) 3,0 % (2006)1
Pop. sous le seuil de pauvreté 17 % (2004)1
Indice de développement humain (IDH) 18e (2006) 3
Population active 31,1 millions (2006)1
Population active par secteur agriculture : 1,4 %
industrie : 18,2 %
services : 80,4 % (2006)1
Taux de chômage 2,9 % (2006)1
Principales industries machines, équipements électriques, produits automatiques, matériel ferroviaire, construction de bateaux, aéronautique, automobiles, électronique 1
Commerce extérieur
Exportations 468,8 milliards $ (2006)1
Biens exportés biens manufacturés, pétrole, produits chimiques, agroalimentaire, boissons, tabac
Principaux clients États-Unis (13,9 %), Allemagne (10,9 %), France (10,4 %), Irlande (7,1 %), Pays-Bas (6,3 %), Belgique (5,2 %), Espagne (4,5 %) (2006)
Importations 603 milliards $ (2006)1
Biens importés biens manufacturés, machines, pétrole, produits alimentaires
Principaux fournisseurs Allemagne (12,8 %), États-Unis (8,9 %), France (6,9 %), Pays-Bas (6,6 %), Chine (5,3 %), Norvège (4,9 %), Belgique (4,5 %) (2006)
Finances publiques
Dette publique 42,2 % du PIB (2006)1
Dette extérieure 8 280 milliards $ (2006)1
Recettes publiques 973 milliards $ (2006)1
Dépenses publiques 1 040 milliards $ (2006)1
Aide au développement 10,7 milliards $ (2005) 1
Sources : 

1. Royaume-Uni sur CIA factbook. Consulté le 16 octobre 2007
2. classement PIB PPA sur CIA factbook. Consulté le 16 octobre 2007
3. classement IDH 2006. Consulté le 16 octobre 2007
Sauf mention contraire, tous les chiffres sont exprimés en dollars des États-Unis

Le Royaume-Uni est la 6e économie mondiale en 2008, avec un PIB de 2 246 milliards de dollars[1], derrière les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la Chine et la France[2]. En classement par PIB en PPA, le Royaume-Uni est le 8e pays[3].

Depuis les réformes économiques, inspirées du libéralisme économique, mises en place dans les années 1980 (avec Margaret Thatcher comme Premier ministre), le Royaume-Uni est l’économie de marché la plus libérale du continent européen. « Homme malade » de l’Europe en 1979, le pays est redevenu une économie prospère, caractérisée par un niveau élevé de PIB par habitant[4], et le plein emploi (taux de chômage de 5,2 % en septembre 2007[5]).

Membre de l’Union européenne de 1973, le Royaume-Uni n’a pas encore adhéré à la monnaie unique européenne, l’euro. Les relations économiques sont traditionnellement fortes avec les États-Unis et les pays du Commonwealth.

La force du pays tient en partie à ses banques solides, et à sa place financière, la City, qui est avec Wall Street l’une des deux places financières les plus importantes au monde. Cette puissance économique présente certains signes de fragilité : le déficit de la balance des paiements est élevé[6] ; les inégalités de revenus sont un peu plus importante que dans le reste de l’Union européenne.

Sommaire

[modifier] Historique depuis 1945

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation de l'économie était désastreuse, son endettement extérieur est quinze fois supérieur à ses réserves d'or et de devises. Les exportations n'atteignent pas 30 % du niveau d'avant guerre [7]. Le pays a dû faire face à des problèmes économiques persistants, tels que la pression sur la monnaie, un déficit de la balance générale des paiements, l’inflation et les difficultés de son système industriel. Le Royaume-Uni était l’« homme malade de l’Europe »[8]. Pendant la crise économique mondiale des années 1970, ces problèmes sont devenus critiques : le chômage a frappé plus d’un million de personnes, la productivité a chuté, les salaires ont baissé et la monnaie a atteint son niveau le plus bas. En juillet 1975, le gouvernement a pris des mesures anti-inflationnistes draconiennes, soutenues à la fois par les entreprises et les syndicats, qui ont contenu avec succès la hausse des salaires et de l’inflation.

Les améliorations de la balance des paiements les plus significatives ont eu lieu à la fin des années 1970, grâce aux revenus générés par le pétrole de la mer du Nord. Depuis 1979, les politiques économiques gouvernementales (gouvernements de Margaret Thatcher) ont encouragé le secteur privé tout en contrôlant les dépenses publiques. Le maintien de l’inflation à un niveau bas est resté la priorité du gouvernement mais au prix d’un taux de chômage élevé. Au milieu des années 1980, les chômeurs étaient plus de trois millions, et 2,6 millions une décennie plus tard. Le chiffres du chômage ont continué à baisser au cours des années suivantes, passant de 11,2 % en 1985 à 6,4 % en 1996 pour atteindre 4,5 % en 1998, soit un million de personnes. Toutefois, un grand nombre de bénéficiaires de prestations sociales, non chômeurs, ne participent pas à la production. En effet selon l'OCDE[9],[10]l'amélioration de la productivité passe par un retour des bénéficiaires de prestations d'incapacité (soit environ 2,7 millions de personnes non comptabilisées dans les chiffres du chômage) sur le marché du travail.

Les secteurs les plus importants, comme les transports, les communications, l’acier, le pétrole, le charbon, le gaz et l’électricité, nationalisés par les Travaillistes dans les années 1940, ont été privatisés par les gouvernements conservateurs au cours des années 1980 et 1990.

Le déficit budgétaire annuel du début des années 1990 représentait 1,1 % du PIB. Depuis, il s'est aggravé et représente par exemple, sur l'année fiscale 2004-2005 achevée fin mars 2005, 3,2 %. Début 2006, la Commission européenne a demandé la correction du déficit excessif du Royaume-Uni[11].

[modifier] Évolution récente

Après deux décennies de libéralisation à marches forcées de l'économie britannique, le gouvernement de Tony Blair n’a pas remis en question les réformes passées, mais a rajouté quelques mécanismes de régulation sociale. En mars 1998, la Chambre des communes a donné son accord pour l’instauration d'un salaire minimum, entré en vigueur en avril 1999, et dont le niveau est fixé par la Low Pay Commission, indépendante du pouvoir politique de façon à éviter les augmentations électoralistes trop fortes qui feraient que les travailleurs non qualifiés soient exclus du marché du travail[12]. Au 29 mars 2007, le salaire minimum anglais est de 7,96 euros par heure[13].

Le chômage est officiellement à un taux très bas, 5 5 % en 2006[14],ou bien 2.7 % en 2007 en prenant compte des données au sens du BIT. la situation de l'emploi au Royaume-Uni est donc est en quasi plein emploi. On estime entre 500 000 et 1 million le nombre de travailleurs clandestins. Cependant les chômeurs non-pris en compte dans les statistiques (inaptes au travail) représentent une part plus importante que dans les autres pays[15].

Les inégalités de revenu sont un peu plus fortes que la moyenne des pays de l’OCDE (indice Gini de 0,36 en 2000)[16]. Selon l’OCDE, le taux de pauvreté à 50% du revenu médian en 2000 était de 11,4 % au Royaume-Uni. Le New Policy Institute recense en 2004 environ 8 millions de personnes vivant avec moins de 50% du revenu médian, soit environ 13% de la population britannique, et 12 millions vivant avec moins de 60% de ce revenu, soit environ 23% de la population du pays[réf. nécessaire].

[modifier] Structure économique

L'économie britannique repose essentiellement sur le secteur tertiaire, qui représentent environ 73 % du PIB[réf. souhaitée], et notamment sur un fort secteur financier (grâce à la City). Le secteur industriel occupe 18,2 % de la population active[1]. L'industrie a connu des fermetures d’usines (faillite de Rover, fermeture d’une usine de Jaguar et de l'usine Peugeot - Citroën Ryton…) mais aussi des créations d'emploi.

[modifier] Emploi et productivité

La productivité du travail est plus faible au Royaume-Uni que dans les autres pays de l’Union européenne. La raison est essentiellement que le taux d'emploi est très élevé : les individus les moins productifs participent au marché du travail, ce qui diminue donc le niveau moyen de la productivité.

Le taux d'emploi (proportion de la population en âge de travailler qui a effectivement un emploi) est de 72,6 % en 2005, contre seulement 65,2 % en moyenne dans l’UE-15 et 62,3 % en France[17].

[modifier] Forces et fragilités de l'économie britannique

Vue sur la Cité de Londres, cœur financier du pays, où les gratte-ciel continuent de se construire.
Vue sur la Cité de Londres, cœur financier du pays, où les gratte-ciel continuent de se construire.

[modifier] Le système bancaire

Le système bancaire britannique jouit de sa position à côté de l'euro : il en bénéficie sans être dedans.

  • Par exemple, comme le dollar US, la livre sterling profite actuellement (2006) des taux plus faibles de l'euro qui rendent intéressants, par comparaison, les placements en monnaie britannique mieux rémunérés.
  • De même, les autorités britanniques n'ont pas les mêmes contraintes que celles des pays ayant adopté l'euro, soumis à des contraintes plus coercitives de la part de UE, notamment sur les déficits publics.

De plus, le système bancaire britannique ne reflète pas l'ensemble de la politique monétaire du Royaume-Uni. La Bank of England (BoE) est un organisme indépendant, organisé par le financial services authority (FSA).

Le système bancaire britannique bénéficie également de l'essor de la consommation intérieure puisque c'est lui qui la finance et que de plus en plus les nouveaux prêts aux particuliers sont destinés au refinancement de leur dette (actuellement environ 30 %)[réf. nécessaire]. Mais les conditions de ce développement des financements vers les particuliers fragilisent le système bancaire, notamment par la situation d'endettement élevé des ménages britanniques, avec des durées de plus en plus longues, et le risque d'un crash de la bulle immobilière[18]. En septembre 2007, à la suite de la ruée bancaire devant les succursales de la banque britannique Northern Rock, le Daily Telegraph fustige le premier ministre Gordon Brown :

« Gordon Brown doit accepter la responsabilité de cette bulle (immobilière, ndlr). Pendant les dix ans qu'il a passées au ministère des Finances, il a été content de profiter d'une fausse prospérité fondée, non pas sur une hausse de la productivité mais des prix de l'immobilier »[19].

Au delà du système financier, cet endettement qui a soutenu la croissance risque d'être désormais un frein à la consommation des ménages. Ils devront faire face à une dette croissante (plus de revenus consommés par les frais financiers) et à la dégradation de leur note de crédit (conditions d'emprunt plus difficiles).

[modifier] La consommation des ménages dopée par le crédit

La consommation des ménages est dopée par le crédit, ce qui suscite des craintes sur la croissance économique[20].La dette brute des ménages représente 168 % de leurs revenus[21].

Le crédit est en effet favorisé : ainsi, les banques ne demandent pas le moindre apport personnel pour un emprunt immobilier[réf. nécessaire], ce qui a provoqué en huit ans une hausse de 90 % du prix de la pierre. La plupart des prêts étant conclus à taux variables[réf. souhaitée], les ménages britanniques sont exposés au risque de taux.

Cette course à la consommation via l'endettement cause ainsi une hausse record des déclarations de faillite personnelles : 38 000 pour l'année fiscale 2004, soit 30 % d'augmentation en un an, après une hausse de 30 % déjà en 2003. Le nombre de faillites personnelles a encore bondi de 63% en 2006, avec 110 000 cas[22]. Sur l'exercice 2006-2007, 1,7 million de personnes ont demandé de l'aide à Citizens Advice, un organisme caritatif offrant des conseils en matière de dette[23]. Cet endettement commence en 2006[réf. souhaitée] à freiner la consommation, puisque 20 % des dépenses des ménages britanniques servent à rembourser leurs dettes.

[modifier] L'épuisement de la production pétrolière

Le pic pétrolier au Royaume-Uni a été atteint[24] probablement à la fin des années 1990 ou au début des années 2000. Entre 1980 et 2005, les autorités ont revu ainsi leurs réserves pétrolières de 2.300 millions de tonnes à 1.267[25]. Par ailleurs, la compagnie pétrolière BP indique que la production de pétrole du Royaume-Uni est passée de 2.909 millions de barils quotidiens (Mbq) en 1999 à 1.636 Mbq en 2006[26], soit une baisse de plus de 40 % en 7 ans. Dans ce contexte, après plus de dix ans, le Royaume-Uni est redevenu importateur net d’énergie à partir de 2004[27], avec pour conséquences un impact sur la balance commerciale et sur les rentrées fiscales.

[modifier] Une dégradation des échanges commerciaux

Les échanges de biens affichent en 2006 un déficit de 126 milliards d'euros, contre 103 milliards d'euros en 2005. En incluant les services, le déficit commercial du Royaume-Uni s’établit à 84 milliards d'euros en 2006, contre 67 milliards en 2005. La balance commerciale quasi stable avec les partenaire européens s’est dégradée surtout en dehors de l’Europe particulièrement en raison des échanges de pétrole[28].

[modifier] Des finances publiques saines

[modifier] La dette et le budget

Sur l'année civile 2006, la dette publique du Royaume-Uni s'établit à 571,9 milliards de livres (environ 855 milliard d'euros), soit 43,2% du produit intérieur brut[29], ce qui est tout à fait conforme aux souhaits européens (< 60 %) et bien moindre que celles constatées dans d'autres pays grands pays européens (Allemagne, France ou Italie). Toutefois la dette a progressé depuis le point bas de 2002 (37,9% du PIB) mais n'atteint pas le point haut de 1996 (51,8% du PIB)[30], en raison d’une augmentation des dépenses publiques et d’un policy-mix adapté à une conjoncture en creux de cycle. L'OCDE indique de son côté une progression en montant de 45% entre 2001 et 2006[31],

Sur l’exercice fiscal 2006/2007, le déficit du Royaume-Uni s’élève à 36.7 milliards de livres, soit 2,7% du PIB, contre 3,2% du PIB pour 2005/2006[29].

[modifier] Une inflation maîtrisée ?

[modifier] Entreprises

Icône de détail Article détaillé : Liste d'entreprises britanniques.

De nombreuses entreprises britanniques sont leaders dans leur domaine.

[modifier] Rôle et poids des administrations publiques

Le montant total des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques est faible, en pourcentage du Produit national brut (PNB).

Année fiscale ratio prélèvements sur PNB[réf. nécessaire] Dette publique sur PNB[réf. nécessaire]
1975/6 54 % 43 %
1985/6 44 % 43 %
1995/6 43 % 38 %
2005/6 36 % 40 %

[modifier] Notes et références

  1. ab Cf. Infobox
  2. Depuis que la parité de change euro/livres a fortement changé en 2008 (la livre sterling s'est fortement dépréciée par rapport à l'euro, atteignant un point bas sur 10 ans), la France est passée devant le Royaume-Uni. Ce classement est donné par le directeur du National Institute of Economic and Social Research, institut de recherches britannique (en) cité par le Financial Times le 11 janvier 2008.
  3. classement PIB PPA sur CIA factbook. Consulté le 16 octobre 2007
  4. classement 2006 (en)
  5. Communiqué de presse, Eurostat, janvier 2008
  6. en:List of countries by current account balance
  7. Phillipe Masson, La puissance maritime et navale au XXe siècle, Perrin, 2002, p. 245
  8. Voir par exemple déclaration de Jack Straw en 2004
  9. D'après communiqué de l'AFP du 12 octobre 2005
  10. Voir aussi le site de l'OCDE ici
  11. Cf. Site de la Commission européenne, ici
  12. site officiel (en)
  13. Source : Les Échos du 29 mars 2007, page 7. Voir des comparaisons sur salaire minimum, comparaisons qui ne sont pas forcément pertinentes, le coût de la vie n’étant pas le même pour chaque pays])
  14. Source : OCDE, Employment outlook 80
  15. Voir le site de l'OCDE ici
  16. cf. Liste des pays par égalité de revenus
  17. taux d'emploi des pays de l'OCDE, 2007, OCDE.
  18. Parce que les prêts sont gagés par les biens immobiliers achetés.
  19. Source : AFP le 15/09/2007 13h57.
  20. par exemple « Fears rise for UK economy », Financial Times, janvier 2008
  21. Les Échos, lundi 15 octobre 2007, p. 2
  22. Sources : dépêche AFP du 11/01/2007 17h37
  23. Source : Les Échos du 14 septembre 2007, page 30
  24. Source : (US) Energy Information Administration - North Sea oil (janvier 2007) ici :
    Although the region will continue to be a sizable crude oil producer, output from its largest producers - the UK and Norway - has peaked and entered a period of long term decline.
  25. Source : UK energy in brief July 2007, page 16 ligne Estimate of remaining reserves ici
  26. Source BP : historical data ici.
  27. En 2004, d’après Eurostat ici :
    Le taux de dépendance énergétique de l’UE-25 a continué à progresser, passant de 52,4 % en 2003 à 53,8 % en 2004. Cette augmentation est imputable en grande partie au Royaume-Uni: pour la première fois depuis plus de dix ans, il est devenu importateur net en 2004, avec un taux de dépendance énergétique de 5,2 %, alors qu’il était exportateur net en 2003, avec un taux de -6,2 %.
    En 2005, cette dépendance énergétique s’est accrue à 13% (source Eurostat ici)
  28. Source : article du 09/02/2007 11:12:00 - L'Expansion.com citant les chiffres de l'Office des statistiques nationales du Royaume-Uni ici.
  29. ab communiqué Eurostat du 17 août 2007
  30. source OCDE : Gross public debt, Maastricht criterion, as a percentage of GDP
  31. En 2001 : 409 551 ; en 2006 : 596 409 (source OCDE : ici ou là : http://stats.oecd.org/wbos/default.aspx?datasetcode=GOV_DEBT)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes