École nationale d'administration (France)

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École nationale d'administration
Image:Logo Ecole nationale d'administration.jpg
Fondation 1945
Type Établissement public à caractère administratif
Localisation Strasbourg et Paris, France
Fondateur Charles de Gaulle, Michel Debré
Président Jean-Marc Sauvé
Directeur Bernard Boucault
Personnel 229
Enseignants 2 professeurs permanents (sport et FLE) et un millier d'intervenants externes par an
Étudiants 533 en 2005
Site web www.ena.eu

L'École nationale d'administration (ENA), l'une des plus prestigieuses grandes écoles françaises, a été créée en 1945 pour démocratiser l'accès à la haute fonction publique de l'État. Elle est aujourd'hui chargée d'assurer la sélection et la formation initiale et continue de hauts fonctionnaires français et internationaux. L'ENA est l'un des symboles de la méritocratie républicaine, offrant à ses anciens élèves un accès aux postes de direction et d'encadrement les plus importants de l'État.

L'ENA accueille chaque année à Strasbourg 80 à 100 élèves en formation initiale sur concours, une soixantaine d'élèves de masters et mastère spécialisé ainsi qu'une petite centaine d'élèves étrangers. À ces promotions s'ajoutent des sessions courtes de formation continue à Paris. Les anciens élèves de l'école sont appelés énarques.

Au cours de la Ve République, les énarques ont joué un rôle central dans la vie politique française (deux présidents de la République, sept premiers ministres, de nombreux ministres, etc.). Cette suprématie fait parfois l'objet de critiques.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Avant 1945

Avant 1945, l'État n'assurait pas une formation unique pour les fonctionnaires responsables de sa haute administration. En effet, si le système du concours - considéré alors comme la seule garantie d'un recrutement impartial et fondé sur le mérite - était déjà généralisé depuis la fin du XIXe siècle, chaque corps ou ministère organisait son propre concours, sans considération pour l'homogénéité de la haute fonction publique. Certains risques de corporatisme ou de népotisme en résultaient.

En 1848 déjà, le ministre de l'Instruction publique Lazare Carnot avait eu l'idée de créer une École d'administration, en charge de la formation des administrateurs gouvernementaux. Un décret de création sera rédigé (décret du 8 mars 1848), mais l'école, installée dans l'ancien bâtiment du Collège du Plessis, sera fermée quelques mois après son inauguration, lorsque Carnot quitta son poste de ministre.

À partir de 1936 et consécutivement à l'arrivée au pouvoir du Front populaire et de son ministre de l'éducation nationale Jean Zay, l'idée de créer une unique école de sélection et de formation des hauts fonctionnaires voit à nouveau le jour. Elle se heurtera à un vote défavorable du sénat.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, deux projets aux apparences similaires mais aux objectifs opposés émergent. L'École des cadres d'Uriage, créée par Vichy en 1940, a pour objectif l'instauration d'une nouvelle aristocratie basée sur le sens du service de l'État. S'éloignant de l'idéologie vichyste, elle sera finalement dissoute par Pierre Laval en décembre 1942. Le second projet, qui est quant à lui conduit peu après la libération par Michel Debré et Emmanuel Monick[1], porte en lui les valeurs de la résistance. Il aboutira à la création de l'ENA. L'ENA doit beaucoup aux circonstances historiques de ses commencements, et à l'esprit de ceux, issus de la Résistance pour la plupart, qui ont pris en charge la reconstruction du pays.

[modifier] Création de l'ENA

Maurice Thorez, figure du Parti communiste français et signataire des décrets fondateurs de l'ENA
Maurice Thorez, figure du Parti communiste français et signataire des décrets fondateurs de l'ENA

L'École nationale d'administration (ÉNA) a été créée par l'ordonnance n°45-2283 du 9 octobre 1945[2] par le Gouvernement provisoire de la République française, alors présidé par le Général de Gaulle. Cette décision, qui devait profondément bouleverser la structure même de l'administration publique française, avait été préparée par la Mission provisoire de réforme de l'administration, placée auprès du chef du gouvernement et dirigée par Maurice Thorez, vice-président du Conseil et secrétaire général du Parti communiste français. Après la démission du Général de Gaulle de la présidence du Conseil le 20 janvier 1946, c'est Maurice Thorez qui va réussir à mener à bien la réforme administrative et l'élaboration du statut de la fonction publique, en se préoccupant d'assurer d'abord la naissance de l'École nationale d'administration créée avant son entrée au Conseil. Michel Debré, maître des requêtes au Conseil d'État et commissaire de la République à Angers, animait cette mission de création de l'école. Il a assuré provisoirement les fonctions de directeur de l'école.

[modifier] Soixante années d'implantation parisienne

L'ancien site arboré de la rue des Saints-Pères, tout comme celui de la rue de l'Université, est aujourd'hui occupé par l'IEP de Paris.
L'ancien site arboré de la rue des Saints-Pères, tout comme celui de la rue de l'Université, est aujourd'hui occupé par l'IEP de Paris.

L'École s'établit d'abord dans les murs de l'Hôtel de La Meilleraye, au 56 rue des Saints-Pères, à Paris. Le bâtiment, exproprié en 1945 au bénéfice de la fondation nationale des sciences politiques, verra s'y succéder trente-quatre promotions d'élèves (de la promotion France combattante jusqu'à la promotion Pierre Mendès France).

L'hôtel de Feydeau de Brou, situé au 13 rue de l'Université, a été occupé par le Service hydrographique et océanographique de la marine jusqu'en 1971, date de sa décentralisation à Brest. L'hôtel a alors été restauré et les élèves de la promotion Michel de l'Hospital s'y sont installés en 1978. En avril 2007, cet hôtel particulier a été rebaptisé Bâtiment René Rémond par le nouveau propriétaire des murs (la Fondation nationale des sciences politiques).

En 2002, l'ENA a absorbé l'Institut international d'administration publique (IIAP), établissement issu de l'École nationale de la France d'outre-mer, et s'est depuis installé dans les anciens locaux de l'IIAP au 2 avenue de l'Observatoire (VIe arrondissement).

[modifier] Déménagement à Strasbourg

Le site strasbourgeois de la Commanderie Saint-Jean, en bordure de l'Ill.
Le site strasbourgeois de la Commanderie Saint-Jean, en bordure de l'Ill.

Sous l'impulsion d'Édith Cresson, il a été décidé en 1992 de déménager l'école à Strasbourg, au 1, rue Sainte-Marguerite. Avant d'accueillir l'ENA, la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (ou Commanderie Saint-Jean), construite au XIVe siècle, fut successivement un lieu de commerce et de diplomatie, un hôpital puis, entre 1740 et 1989, une prison.

Pendant 10 ans, les activités de l'école se sont organisées sur trois sites (rue des Saints-Pères, rue de l'Université et rue Sainte-Marguerite). La promotion Simone Veil, soixante-deuxième promotion de l'ENA, fut la première à effectuer l'ensemble de sa scolarité à Strasbourg.

[modifier] L'ENA aujourd'hui

Actuellement, le nouveau site de l'avenue de l'Observatoire accueille depuis fin janvier 2007 toutes les activités parisiennes de l'ENA (le service des cycles courts et la direction des relations internationales) tandis que tous les autres services de l'école sont concentrés à Strasbourg. Les cours des élèves en formation permanente dans des cycles pédagogiques de moins d'un mois ont donc encore lieu à Paris.

Depuis son déménagement à Strasbourg, l'ENA se fait également appeler École européenne de gouvernance. En 2007, selon une étude effectuée par l'École des mines de Paris, l'ENA était au niveau mondial la neuvième institution d'enseignement supérieur en terme d'anciens élèves présidents de l'un des 500 plus grands groupes mondiaux[3].

[modifier] Enseignements

L'École est l'expression de la méritocratie républicaine. Les élèves issus de ses rangs sont membres de la haute fonction publique.

[modifier] Formation initiale sur concours

Concours

Pour assurer le recrutement de ses élèves, l'ENA organise tous les ans trois concours :

  • un concours externe accessible à tous les candidats titulaires au minimum d'un diplôme de deuxième cycle (licence ou équivalent) et âgés de moins de 28 ans ;
  • un concours interne réservé aux agents de la fonction publique ayant au moins quatre années de service effectifs ;
  • un troisième concours ouvert aux candidats ayant une expérience professionnelle en dehors de la fonction publique (élus et salariés du secteur privé).

Le taux de sélectivité est élevé, puisque 7,9% des candidats présents à la première épreuve ont été reçus. En 2005, 44% des reçus étaient des femmes (le taux moyen avoisine toutefois plutôt 25% ces dernières années).

Taille des promotions

Le nombre d'élèves admis à l'ENA diminue de manière régulière depuis plusieurs années. Cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir, comme le témoigne la déclaration de Nicolas Sarkozy sur l'avenir de la fonction publique (discours du 19 septembre 2007)[4]

Promotions Concours externe Concours interne Troisième concours Sous-total Élèves étrangers Total
Léopold Sédar Senghor (2002-2004) 80 43 13 136 51 187
Romain Gary (2003-2005) 61 46 11 118 47 165
Simone Veil (2004-2006) 50 42 9 101 39 140
République (2005-2007) 44 37 9 90 18 108
Aristide Briand (2006-2008) 43 32 8 83 18 101
Willy Brandt (2007-2009) 45 40 8 93 34 127
Émile Zola (2008-2010) 40 32 8 80 40 120
Cursus

L'ENA dispense à ses élèves une formation interministérielle d'une durée de 27 mois. La nouvelle scolarité, entrée en vigueur le 1er janvier 2006, comporte de manière alternée des périodes de stages et d'études.

La scolarité est divisée en trois modules et une option d'approfondissement :

Débouchés
Hôtel de la Préfecture des Yvelines. Les préfets sont généralement d'anciens élèves de l'ENA
Hôtel de la Préfecture des Yvelines. Les préfets sont généralement d'anciens élèves de l'ENA

Les élèves de l'ENA intègrent à leur sortie de l'école différents corps de la fonction publique d'État, en fonction de leur classement. Les premiers choisissent généralement les corps d'inspection et de contrôle, à savoir la Cour des comptes (4 élèves en 2008), l'Inspection générale des Finances (4 élèves en 2008), le Conseil d'État (4 élèves en 2008), l'Inspection générale des affaires sociales (3 élèves en 2008) ou l'Inspection générale de l'administration (2 élèves en 2008).

D'autres élèves, en principe bien classés également, intègrent le Quai d'Orsay en tant que conseillers des affaires étrangères.

Près de la moitié de la promotion intègre le corps des administrateurs civils ; parmi ceux-là, certains sont directement placés en position de détachement dans le corps des sous-préfets. Les autres élèves rejoignent les corps des conseillers de tribunal administratif et de Cour administrative d'appel ou celui des Chambres régionales des Comptes. Quelques élèves rejoignent la Mairie de Paris en tant qu'administrateurs.

Coût de la scolarité par élève et rémunération

Le coût de la scolarité par élève, en diminution de 10% entre 2005 et 2006, s'est élevé en 2006 à 56 303€[5] par élève en formation initiale (sur l'ensemble de la scolarité de 27 mois), soit environ 25 000 € par an. La scolarité étant gratuite pour les élèves, ce montant est pris en charge par l'école. A titre de comparaison, le coût moyen d'un étudiant dans l'enseignement supérieur français était estimé en 2005 à 9 280€ par étudiant et par an (7 210 € pour un étudiant de l'université et 13 560 € pour un étudiant en classes préparatoires)[6].

Comme dans beaucoup d'autres écoles de la fonction publique française, les élèves de l'ENA sont rémunérés pendant leur scolarité. Ces derniers s'engagent en contrepartie à travailler pour l'État pendant dix ans, faute de quoi ils devront rembourser les sommes perçues.

[modifier] Mastère spécialisé et masters

L'ENA organise également des formations diplômantes de l'enseignement supérieur, en partenariat avec d'autres grandes écoles ou universités. Une centaine d'élèves était concerné par ces formations en 2006 :

[modifier] Mastère spécialisé en gestion des risques sur les territoires (MGR)

Accrédité par la Conférence des grandes écoles, le mastère spécialisé en gestion des risques sur les territoires dispensé par l’École nationale d’administration (ENA) forme des risk managers possédant une vaste culture du risque. Il comprend 320 heures réparties en 8 modules :

Une description de ce mastère est disponible sur le site de l'ENA[7].

Les étudiants et anciens étudiants de ce mastère sont regroupés au sein du cercle ENA-Risk, cercle de réflexions et de recherches sur la gestion des risques.

[modifier] Master européen de gouvernance et d'administration (MEGA)

Il s'agit d'un un programme franco-allemand créé au moment du 40ième anniversaire du Traité de l'Élysée avec le soutien de Jacques Chirac et de Gerhard Schröder. Cette formation continue est ouverte à des fonctionnaires français et allemands en exercice, mais aussi à des fonctionnaires d'autres pays européens et aux cadres du secteur privé.

Le MEGA est piloté par l'ENA, l'Université Paris I (Sorbonne) et l'Université de Potsdam. Il est placé en France sous l'égide du ministère de la Fonction publique français (DGAFP) et en Allemagne sous celle du Ministère fédéral de l'Intérieur (BMI). Sont également partenaires le Centre d'études européennes de Strasbourg (CEES), l'Institut d'études politiques de Paris (IEP Paris), l'Université Robert Schuman, l'Université Humboldt de Berlin et l'Institut Universitaire Européen de Florence.

La formation est sanctionnée par deux diplômes : le Master en droit, mention droit public, spécialité gouvernance et administration européennes de l'Université Paris I, et le « Master of European Governance and Administration » délivré par l'Université de Potsdam. La première promotion, inaugurée en 2006 par le ministre français de la Fonction publique et le ministre fédéral allemand de l'Intérieur, est la Promotion Pont de l'Europe-Europabrücke. La deuxième promotion s'appelle Jean-Claude Juncker.

Les conditions d'admission au MEGA sont spécifiques :

  • être titulaire d’une maîtrise
  • être capable de suivre des cours en français et en allemand
  • avoir entre 25 et 35 ans
  • avoir au moins 2 ans d’expérience professionnelle.

Liens externes du MEGA :

[modifier] Master en gestion publique

Ce master à finalité professionnelle en science politique spécialité gestion publique est délivré par l'Université Paris-Dauphine. Il s'adresse aux étudiants, fonctionnaires et cadres du secteur privé confrontés à la problématique de la gestion publique

[modifier] Master en administration publique

Accessible aux anciens élèves des cycles internationaux de longue durée, l'objectif de ce master est de permettre aux élèves étrangers de valoriser leur cursus à l'ENA par un approfondissement de leurs connaissances.

[modifier] Cycles internationaux

  • Cycle international d'administration publique (CIAP - 7 mois) : ce cycle offre la possibilité à une cinquantaine de hauts fonctionnaires confirmés de suivre un cycle de perfectionnement dans leur spécialité pendant 6 mois et demi.
  • Cycle international court (CIC - 9 mois) : le CIC permet à une trentaine de hauts fonctionnaires étrangers d'acquérir des savoir-faire utiles pour entrer en contact avec l'administration française.
  • Cycle international long (CIL - 18 mois) : ce cycle réunit une quarantaine de fonctionnaires étrangers s'apprêtant à prendre des postes de haut fonctionnaires dans leurs pays d'origine.
  • Cycle des Hautes Études Européennes (CHEE - 7 mois) : ce cycle qui devrait voir le jour en 2007 est ouvert à des hauts fonctionnaires, parlementaires, journalistes, universitaires, syndicalistes, dirigeants et cadres d'entreprises souhaitant se familiariser avec les questions européennes et plus spécifiquement avec les positions françaises sur ces questions.

[modifier] Formation permanente

Destinées aux cadres supérieurs de la fonction publique, les sessions de formation permanente concernent 2500 personnes par an. Elles se sont diversifiées et visent à privilégier l'interministérialité par la confrontation d'expériences différentes et la mise en commun de savoir-faire utiles à la modernisation de la fonction publique.

  • Cycle d'accompagnement à la mobilité professionnelle (destiné aux administrateurs civils et aux assistants parlementaires)
  • Cycle d'intégration des officiers (CIO) : l'école organise un cycle de formation de deux mois spécifique à l'attention d'une dizaine officiers admis à occuper des emplois vacants au sein des administrations de l'État.
  • Cycle de perfectionnement des collaborateurs parlementaires : les assistants parlementaires de l'Assemblée nationale, du Sénat, et du Parlement européen ont la possibilité de se former à l'ENA, grâce à un cycle de perfectionnement extensif de 6 mois qui leur est réservé.
  • Séminaires de gestion publique (16 demi-journées par séminaire) : ces séminaires s'adressent aux responsables des services de l'État, des collectivités territoriales et des établissements publics, aux cadres des entreprises publiques et organismes privés en relation avec l'administration centrale et les collectivités territoriales et aux diplomates étrangers en poste à Paris.
  • Formations thématiques : Action publique et institutions, pratique de l'interministérialité, gestion et management publics, développer ses compétences, Union européenne, relations internationales, économie et finances publiques, gestion des risques etc.

[modifier] La recherche et le développement international

[modifier] Activités de recherche

L'ENA assume également une mission de recherche en sciences administratives en développant toute une série de colloques sur les grands enjeux de la fonction publique, en encourageant les travaux de recherche de ses élèves sur des questions d'actualité et en multipliant les comparaisons des différents systèmes administratifs étrangers.

[modifier] Une école tournée vers l'international

Depuis sa création, en 1945, l'ENA a formé plus de 2000 élèves étrangers, provenant d'une centaine de pays, dans le cadre de ses deux cycles internationaux. Chaque promotion compte une quarantaine d'élèves étrangers représentant une trentaine de nationalités pour une centaine d'élèves français, tous suivent là une formation identique.

Par ailleurs, l'école entretient une active coopération administrative avec de nombreux partenaires étrangers. L'ENA a ainsi développé des accords de coopération binationaux avec des pays du Maghreb, la Chine, la Pologne, la Thaïlande ou encore la Syrie, pour permettre le transfert d'ingénierie des formations au management public et à la gestion administrative. L'ENA occupe également une place prépondérante dans le domaine des appels d'offres internationaux grâce à une cellule multilatérale créée en 2002, chargée de gérer les financements des bailleurs de fond internationaux; elle fournit ainsi une expertise dans le domaine de l'administration publique et de la réforme de l'État dans plus de 25 pays (Algérie, Azerbaïdjan, Brésil, Bulgarie, Cambodge, Cameroun, Chine, Djibouti, Panama, République dominicaine, Roumanie, Russie, Maroc, Tunisie, Ukraine, Vietnam...). Parallèlement à cette activité, l'École organise des cycles de formation à l'attention de responsables publics étrangers dans le cadre d'appel d'offres ou de demandes de formation émanant d'États étrangers (Afrique sub-saharienne, Chine et Pays d'Europe centrale et orientale).

Soucieuse de conforter la place de l'administration française dans le monde, l'ENA a encore intensifié sa politique d'échanges internationaux depuis l'intégration des services de l'Institut international d'administration publique (IIAP) en son sein, début 2002.

[modifier] La vie à l'école

[modifier] Centres de documentation

L'ENA dispose à Strasbourg d'une bibliothèque contenant près de 40 000 ouvrages. Elle est accessible aux élèves et aux anciens élèves. Cette bibliothèque est par ailleurs un Centre de documentation européenne (tout comme celle de l'Institut d'études politiques de Paris ou de l'Université libre de Bruxelles), et reçoit à ce titre la documentation officielle européenne.

L'ENA dispose en outre d'une antenne documentaire à Paris constituée de 5000 ouvrages et d'une centaine de titres de périodiques.

[modifier] Activités sportives

De très nombreuses activités sportives sont proposées par l'association sportive de l'ENA (AS-ENA) aux élèves et anciens élèves.

[modifier] Le « Clásico administratif »

Le derby annuel entre l'ENA et l'Institut national des études territoriales (INET), les deux écoles strasbourgeoises, a fait peau neuve en 2008. Il est désormais baptisé « Clásico administratif » et doté d'une coupe.

[modifier] La première édition

Elle s'est tenue le mardi 8 avril 2008. Les deux équipes, composées de 7 joueurs, devaient se départager en deux mi-temps de 30 minutes. La promotion Willy-Brandt (ENA) était opposée à la promotion Lucie-Aubrac (INET).

Le trophée 2008 a été remporté par l'ENA, sur le large score de 6 buts à 2. L'ENA jouait en maillot bleu, short bleu et bas bleus, l'INET en maillot tango, shorts noirs et bas tango.

[modifier] Administration de l'école

L'ENA est un établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle du premier ministre, exercée en son nom par la Direction générale de l'administration et de la fonction publique.

[modifier] Présidence et direction

La présidence du conseil d'administration de l'ENA revient de droit au vice-président du Conseil d'État, c'est-à-dire depuis le 3 octobre 2006 à Jean-Marc Sauvé.

Liste des directeurs 

[modifier] Budget

Son budget annuel de fonctionnement s'est élevé en 2006 à 41,685 millions d'euros[8]. La part du financement de l'État dans ce budget s'élève à 74%.

Pour répondre à son objectif de démocratisation de l'accès à la haute fonction publique, l'ENA consacre près du quart de son budget à la rémunération des candidats au concours interne (183 élèves des cycles préparatoires aux concours administratifs étaient concernés en 2007) ainsi qu'au financement partiel de douze centres de préparation au concours.

[modifier] Anciens élèves

Depuis sa création il y a 60 ans, l'ENA a formé 5600 hauts fonctionnaires français et 2600 étrangers.

Les différentes promotions de l'ENA portent un nom spécifique en hommage à un personnage, un événement ou un concept. La photo de chacune d'entre elles est affichée sur les murs de l'école.

[modifier] Associations d'anciens élèves

L'Association des anciens élèves de l'école nationale d'administration (AAEENA) est la plus ancienne et la plus importante des associations d'anciens élèves de l'ENA. Elle diffuse une revue mensuelle, L'ENA hors les murs ainsi que l'annuaire des anciens élèves (en vente libre) et participe à l'animation de manifestations en lien avec la vie des anciens élèves en organisant des conférences, des colloques etc.

Elle se charge par ailleurs d'aider les anciens élèves dans leurs recherches d'emplois, en éditant tous les mois le bulletin du service carrière, qui contient une liste de poste à pourvoir dans et hors de l'administration, et en proposant des services personnalisés tels que des bilans de compétences.

Outre l'AAEENA, il existe de nombreuses associations regroupant des élèves selon leurs origines géographiques (comme l'Association québécoise des anciens élèves de l'ENA), selon le concours obtenu (telle l'Association des élèves et anciens élèves issus du 3ème concours de l'ENA), selon le programme suivi (Association des anciens élèves allemands du cycle étranger de l'ENA), ou encore selon d'autres critères (Agir pour la réforme de l'école).

[modifier] Anciens élèves célèbres

Personnalités politiques

Présidents de la République française : Valéry Giscard d'Estaing (1974 à 1981) et Jacques Chirac (1995 à 2007)

Premiers ministres français :

Membres du gouvernement actuel : Laurent Wauquiez, Martin Hirsch, Jean-Pierre Jouyet, Valérie Pécresse, Anne-Marie Idrac.

Parlementaires actuels (députés, sénateurs ou députés européens) :

Hommes politiques africains : Edem Kodjo (ancien premier ministre du Togo), Nicéphore Soglo (ancien président du Bénin)

PDG d'entreprises
Fonctionnaires internationaux
Intellectuels

[modifier] Critique de l'ENA

[modifier] L'ENA et les « élites » françaises

Depuis les années 1960, il est reproché aux anciens élèves de l'ENA une pensée technocratique. L'école fait l'objet de critiques de la part de ses propres élèves, tel Jean-Pierre Chevènement, dans son livre L'énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise (publié sous le pseudonyme de Jacques Mandrin en 1967).

La critique de l'ENA participe d'interrogations plus générales sur la société française : la sélection et la reproduction des élites, la bureaucratie, la centralisation et les relations entre l'État et les citoyens. Une proportion importante de ceux qui contrôlent la vie politique et économique en France est en effet issue de ses rangs ; ce phénomène a d'ailleurs été étudié par Pierre Bourdieu.

[modifier] La question de la suppression de l'ENA

Au cours de la campagne précédant l'élection présidentielle française de 2007, certains candidats comme François Bayrou se sont déclarés en faveur de la suppression de l'ENA. Un sondage réalisé pour l'occasion fait apparaître la faible popularité d'une telle mesure. Selon Louis Harris 2, « la suppression de l'ENA, est souhaitée par 27 % des sondés seulement[9] ».

[modifier] Classement

Le classement de sortie fait l'objet de critiques récurrentes. Il a été mis en cause, entres autres griefs, par les élèves de la promotion Léopold Sédar-Senghor (2002-2004), qui ont rédigé un rapport intitulé L'ENA, l'urgence d'une réforme. Ce document, signé par 132 étudiants sur 134, reprochait à l'ENA de « dispenser une scolarité au rabais, qui n'est que l'alibi d'un concours de beauté organisé par les divers corps de l'État ».

Les élèves avaient même voté une motion de défiance contre la direction de l'école, ce qui leur avait valu un rappel à l'ordre du ministre de la fonction publique de l'époque, Renaud Dutreil.

Dans un arrêt du 10 janvier 2007, le conseil d'État a donné raison aux élèves de la promotion Sédar-Senghor contestant le déroulement de l'examen de fin d'études (ces derniers n'acceptaient pas la présence d'un professeur de l'école au jury final de l'épreuve de questions européennes, ni le choix des sujets des épreuves de gestion publique). La haute juridiction administrative a annulé le classement de sortie de la promotion 2004 de l'ENA, estimant que l'école n'avait pas organisé le concours dans des conditions respectant l'égalité entre élèves. Cette décision restera toutefois sans influence, puisque des élèves ont uniquement contesté le classement, et non l'arrêté d'affectation dans les différents corps de l'administration[10],[11].

En janvier 2008, Nicolas Sarkozy a remis en cause le principe du classement de sortie[12]. Le président de la République estime anormal que les mieux classés bénéficient d'une présomption de supériorité tout au long de leur carrière et se voient très souvent offrir les postes les plus importants, alors qu'à l'inverse les moins bien classés ne voient pas toujours leurs mérites professionnels reconnus à leur juste valeur. À ce stade, cependant, ni le calendrier ni les modalités d'une éventuelle suppression du classement n'ont été précisés. La difficulté de cette suppression tient en partie au risque de népotisme en cas de recrutement libre des jeunes énarques par les différents corps de l'État.

Le 22 avril 2008, les élèves de la promotion Willy Brandt ont malgré cela voté en assemblée générale la suppression du classement de sortie pour leur promotion à une forte majorité (76 % des exprimés et 79 % de participation[13],[14]), mais le conseil d'administration de l'Ecole a réaffirmé peu après le maintien du classement pour les promotions en cours de scolarité.

[modifier] Références et bibliographie

[modifier] Articles et revues

  • L'ENA hors les murs, créée en 1946, revue mensuelle des anciens élèves de l'ENA.
  • « L'ENA », Pouvoirs n° 80 (mars 1997), Seuil.

[modifier] Ouvrages sur l'ENA

  • Pierre-Henri d'Argenson, Réformer l'ENA, réformer l'élite - pour une véritable école des meilleurs, Paris, l'Harmattan 2008.
  • Jean-Michel Eymeri, La fabrique des énarques, Paris, Economica, juin 2001.
  • Jean-Michel de Forges, L'École nationale d'administration, Presses universitaires de France, Paris, 1989.
  • Jean-Michel Gaillard, L'ENA, miroir de l'État, de 1945 à nos jours, Complexe, coll. « Questions du XXe siècle », 1999.
  • Guy Jacquemelle, Le grand oral de l'ENA, Éditions du Mécène, 2005.
  • Odon Vallet, L'Ecole, Albin Michel, 1991
  • Jean-François Kesler, L'ENA, la société, l'Etat, Berger-Levrault, Paris, 1985
  • Gilles Laporte, Au Plaisir d'ENA, éditions DGP Québec, 2001
  • Jacques Mandrin (pseudonyme de Jean-Pierre Chevènement, Didier Motchane et Alain Gomez), L'énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise, La Table Ronde, 1967.
  • Guy Thuillier, L’ENA avant l’ENA, Presses universitaires de France, Paris, 1983

[modifier] Fiction

  • Raoul Peck passe derrière la caméra avec Arte et Canal + pour L’école du pouvoir, une fiction basée sur l’ENA. « Derrière l’émulation, la compétition intellectuelle et institutionnalisée, il y a une quête du futur pouvoir ». Ce 2 x 90 minutes proposera ainsi de suivre les épreuves et les tribulations de six personnages aux trajectoires différentes. L'actrice Elodie Navarre interprètera Ségolène Royal.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Jacquier-Bruère (pseudonyme de Michel Debré et Emmanuel Monick), Refaire la France : l'effort d'une génération, Paris, 1945.
  2. Ordonnance du 9 octobre 1945
  3. [pdf]Professionnal ranking of world universities, école des mines de Paris, septembre 2007
  4. Allocution de Nicolas Sarkozy à l'occasion de la visite de l'Institut régional d'administration de Nantes
  5. Rapport annuel 2006
  6. Les notices de la Documentation française, Le système éducatif en France, 2006. cf tableau sur le site du Ministère français de l'éducation
  7. Mastère spécialisé en gestion des risques sur les territoires (ENA/PEAP/EISTI)
  8. Tableaux des comptes publié par performance-publique.gouv.fr
  9. (page 4) Sondage réalisé par téléphone entre le 13 et le 15 avril 2007 sur 1004 personnes et selon la méthode des quotas, par l'institut Louis Harris 2.
  10. Conseil d'État 10 janvier 2007, n°297864
  11. Journal Le Monde du 19 janvier 2007
  12. Michel Delberghe, « Nicolas Sarkozy veut ouvrir la fonction publique à la diversité », Le Monde, 14 janvier 2008.
  13. « Exclusif : les élèves de l'ENA votent contre l'énarchie », Marianne, 22 avril 2008.
  14. « Les étudiants de l'ENA se rebellent », Libération, 23 avril 2008.